Envol continental pour Emirates
À l’instar de ses consœurs occidentales, la compagnie du Golfe, future partenaire de Sénégal Airlines, renforce sa présence en Afrique, l’une des rares régions qui résistent à la récession mondiale dans le secteur.
Fin mars, Emirates Airlines publiera le bilan de son exercice 2009-2010. Alors que l’Association internationale du transport aérien (Iata) a prévu une année noire pour le secteur avec plus de 8 milliards d’euros de pertes cumulées, la compagnie, entièrement détenue par l’émirat de Dubaï, annoncera, elle, des profits en hausse sur un an. En 2008-2009, au plus fort de la crise mondiale, Emirates Airlines avait déjà affiché un bénéfice net de 192 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 8,7 milliards d’euros. Et la contribution de l’Afrique dans ce résultat était alors de 11,3 %, devant celle de l’océan Indien et de l’Asie de l’Ouest (10,8 %). Cette proportion devrait, elle aussi, progresser sur l’ensemble de l’année 2009. Pour Nigel Page, le directeur commercial de la compagnie pour l’Afrique et l’Amérique, « le continent joue un rôle croissant dans l’expansion d’Emirates depuis le lancement du premier vol à destination du Caire (Égypte), en 1986. Avec le développement du commerce et les perspectives d’une croissance économique en Afrique, nous comptons y renforcer notre présence ».
Activité en hausse de 20 %
Sur l’exercice qui s’achève, Emirates aura transporté quelque 28 millions de passagers, ce qui représente une augmentation de 20 % en glissement annuel. Et l’Afrique, qui représente 17 des 60 destinations assurées par la compagnie, a été le seul continent où elle a ouvert de nouvelles lignes. C’est dire la place de la région – l’une de celles qui résistent le mieux à la crise mondiale – dans la stratégie d’expansion d’Emirates et de ses concurrentes. Le 25 octobre 2009, à quelques mois du coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des nations en Angola, le transporteur a ainsi inauguré la desserte, trois fois par semaine, de Luanda, la capitale angolaise, à partir de son hub de Dubaï. Quelques semaines plus tôt, le 1er octobre, c’est Durban, en Afrique du Sud, qui est venu grossir le nombre des destinations de la compagnie sur le continent. La nation Arc-en-Ciel est l’un des principaux marchés de la compagnie, qui y dessert déjà neuf villes touristiques. Elle vient d’ailleurs d’ouvrir à Johannesburg un salon luxueux pour ses voyageurs des classes à haute contribution en transit dans la capitale économique sud-africaine. Selon la direction de la compagnie, la demande de ce type de confort issue d’Afrique et d’Asie est en constante augmentation. C’est notamment sur cette clientèle que mise Emirates pour faire la différence avec la concurrence : la compagnie compte investir un peu plus de 100 millions de dollars afin d’équiper sa flotte (145 appareils, dont 8 Airbus A380) d’une première classe.
Outre l’ouverture de nouvelles lignes en 2009, Emirates a aussi renforcé les fréquences de ses liaisons existantes. Ainsi, un deuxième vol quotidien relie Dubaï à Lagos (Nigeria) depuis la mi-2009, de même que deux vols hebdomadaires sont venus porter à neuf le nombre de dessertes de l’île Maurice. Poursuivant sur cette lancée, le transporteur a scindé sa liaison Dubaï-Tripoli-Tunis en deux vols directs : Dubaï-Tripoli et Dubaï-Tunis. Une décision motivée par l’accroissement des échanges commerciaux et surtout touristiques entre l’émirat et la Tunisie.
Trouver des alliés
Mais pour rentrer pleinement dans la course effrénée que les compagnies internationales ont engagée vers l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, Emirates a adopté la même stratégie qu’Ethiopian Airlines et South African Airways : s’allier à une compagnie à l’ouest du continent (Asky Airlines) et au centre (la future Air Cemac) afin de drainer le potentiel de croissance de ces régions vers leurs hubs respectifs. Ainsi, le transporteur émirati est devenu en novembre dernier – au grand dam de Royal Air Maroc, d’Air France et consorts – le partenaire stratégique de Sénégal Airlines, qui devrait prendre son envol d’ici à la fin du premier trimestre 2010. Selon les termes de l’accord conclu, Emirates Airlines assurera la formation des pilotes et des personnels de la nouvelle compagnie, lui fournira deux Airbus de type A330 pour démarrer ses activités, de même qu’une assistance technique et commerciale. Emirates devrait ensuite prendre une participation dans le capital de la compagnie, contrôlée à 64 % par le secteur privé sénégalais.
Du côté sénégalais, la success story d’Emirates, créé en 1985 avec deux appareils de location, force l’optimisme. La compagnie, qui a réussi à se hisser parmi les plus grandes du secteur en vingt-cinq ans, fait figure de modèle. Selon un proche collaborateur de Karim Wade, le ministre sénégalais de la Coopération internationale et du Transport aérien, « l’alliance avec Emirates permettra à Sénégal Airlines de proposer à ses futurs passagers des services de haute qualité correspondant aux standards internationaux. De quoi inquiéter les concurrents de Sénégal Airlines ». Une allusion faite aux nouvelles compagnies, Asky et Air Cemac notamment.
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