Des médicaments pour (presque) tous

D’ici à 2015, les antirétroviraux devraient être gratuits partout sur le continent. Certains pays sont encore à la traîne pour atteindre l’objectif.

Les anti-rétroviraux permettent de rendre les personnes traitées 25 fois moins contagieuses © AFP

Les anti-rétroviraux permettent de rendre les personnes traitées 25 fois moins contagieuses © AFP

Publié le 4 mars 2010 Lecture : 2 minutes.

Sandrine, 32 ans, est séropositive. Depuis quatre ans, elle fait la queue, tous les trois mois, dans un centre hospitalier universitaire d’Abidjan pour ses antirétroviraux (ARV). « Avant, je participais. Au moment de payer, on se rend compte que 1 500 F CFA [environ 2,30 euros], c’est beaucoup. Entre se soigner et nourrir ses enfants, on choisit les enfants… », explique cette mère célibataire. Depuis 2008, tout est gratuit et cela a changé sa vie. « Maintenant, je ne m’inquiète plus », dit-elle.

Avec 22,4 millions de personnes vivant avec le sida, l’Afrique subsaharienne est la zone la plus touchée par la pandémie. Selon les Objectifs du millénaire pour le développement, tous les séropositifs doivent avoir accès gratuitement aux ARV d’ici à 2015. Mais les progrès en matière d’accès aux médicaments restent inégaux. Si au Botswana et au Rwanda 80 % des malades sont traités et suivis régulièrement, au Cameroun, en RD Congo ou encore en Côte d’­Ivoire, ils ne sont pas encore 50 % à recevoir de traitement gratuit.

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La précarité dans laquelle vivent certains malades est parfois plus difficile à gérer que l’accès aux ARV. « Ici, il y a longtemps que tout est gratuit, mais il faut presque aller chercher les malades chez eux, parce qu’ils ne peuvent pas se déplacer jusqu’aux centres de distribution, trop malades ou par manque de moyens financiers », explique Didier Kamerhe­, coordinateur pour la province de Kinshasa du programme congolais de lutte contre le sida. Sur les 40 000 personnes qui devraient, selon les estimations, recevoir un traitement dans la province de Kinshasa, seules 11 700 sont sous ARV.

Le ventre vide

La difficulté est la même au Burkina, où les ARV sont gratuits depuis le 1er janvier dernier. Avant, il fallait dépenser 1 500 F CFA par mois pour les médicaments, plus 15 000 à 17 000 F CFA, plusieurs fois par an, pour les examens biologiques. « Le revenu minimum au Burkina Faso est de 32 500 F CFA. C’est impossible de se soigner dans ces conditions », explique Issoufou Tiendrébéogo de l’Association African Solidarité. La nouvelle mesure suscite donc bien des espoirs, avec tout de même une inquiétude sur les délais de mise en route.

« La gratuité du traitement ARV ne doit être qu’une étape », estime Penda Traoré, assistante sociale à Bouaké, dans le centre de la Côte d’Ivoire. Il est temps de s’attaquer à un autre problème tout aussi important : l’alimentation. « Le traitement ARV a beaucoup de contraintes. Il doit être pris à heures fixes, avec des repas équilibrés », poursuit-elle. Alors que la majorité des malades ne peut s’offrir plus d’un repas par jour…

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