Faux dinars et vrais escrocs

Sept prévenus ont été condamnés, le 17 février, à des peines de prison ferme. Une sanction qui vient clore la complexe affaire des « faux dinars de Bahreïn »  un trafic de fausse monnaie à l’échelle internationale.

Depuis 1998, des faux dinars menacent l’économie de Bahreïn © Reuters

Depuis 1998, des faux dinars menacent l’économie de Bahreïn © Reuters

Publié le 25 février 2010 Lecture : 2 minutes.

Malgré leurs efforts souvent laborieux, les prévenus dans ­l’affaire des faux dinars de Bahreïn n’ont pas convaincu les magistrats de la 11e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Le 17 février, près de trois mois après la fin du procès, ils se sont vu infliger des peines allant de dix-huit mois à sept ans de prison ferme. La justice leur reproche notamment d’avoir agi « de mauvaise foi, en ayant conscience du caractère contrefait des billets et de leur participation à une opération de blanchiment ».

L’affaire est passablement embrouillée. En 1998, 140 millions de faux dinars de Bahreïn (l’équivalent de 270 millions d’euros) sont imprimés en Argentine. Après avoir transité par le Tchad et le Niger, une partie de ces billets arrive en France. Écoulés sur le marché, ils ­manquent ­d’entraîner la chute de l’économie du ­royaume bahreïni. Le 18 juin, plusieurs ­personnes sont interpellées à Paris alors qu’elles sont en train de charger des sacs de faux dinars dans deux ­véhicules. Montant du magot : 7,5 millions d’euros. Bahreïn porte plainte en France, car une partie des faux billets y a été saisie.

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Congolais introuvable

Un « broker » d’origine congolaise, un banquier reconverti dans la philanthropie et le consulting, un ingénieur bon chic bon genre, une ancienne agent immobilier aux traits tirés, un ex-courtier à la Bourse de Paris en fauteuil roulant : ces Pieds nickelés arrêtés en juin 1998 font partie des sept personnes qui ont été condamnées le 17 février dernier. Manifestement des lampistes…

Les deux autres prévenus, qui ne se sont pas présentés au procès, ont été condamnés par contumace. Le Congolais Richard Nozy Mwamba, patron de la Fédération congolaise de football sous le maréchal Mobutu et aujourd’hui introuvable, se serait fait passer à l’époque pour le représentant de l’imprimerie pour l’Afrique. Il écope de sept ans de prison.

Pas de visa

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Le Tchadien Hassan Fadoul, conseiller spécial de l’actuel président Idriss Déby Itno à l’époque des faits, a été condamné à cinq ans de prison. Réfugié au Togo depuis près de dix ans et contacté par Jeune Afrique, il assure que son « souhait le plus cher est de [se] présenter devant la justice » mais qu’il n’a pas obtenu de visa pour la France. « Je n’y suis pour rien, j’étais fonctionnaire à l’époque », se défend-il. Il admet avoir visité l’imprimerie en Argentine, mais affirme qu’« Idriss Déby est à l’origine de tout ».

Le 29 décembre dernier, Fadoul a été arrêté sans raison explicite par la police togolaise à Lomé, puis ­transféré en voiture dans le nord du pays, près de la ville de Kara. « Enfermé dans une chambre pendant un mois » et rapidement privé de son téléphone, il a été placé en ­résidence surveillée dans les environs, le 2 février. Depuis quelques jours, il peut à nouveau communiquer. Son hypothèse : par amitié pour Idriss Déby, les autorités togolaises, qui le considèrent comme un témoin gênant, auraient décidé de ne plus le protéger et auraient envisagé de le livrer à N’Djamena. Contacté par Jeune Afrique, le ministère togolais de la Sécurité et de la ­Protection civile n’a pas souhaité s’exprimer. Quant à Idriss Déby, il affirmait déjà en 2001, dans le quotidien français Le Monde, n’avoir « rien à [se] reprocher ». Fadoul, lui, espère faire appel. À condition de trouver un avocat.

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