Les trois hommes forts de la junte
En quelques heures, les colonels Djibrilla Hima Hamidou, Abdoulaye Adamou Harouna et Goukoye Abdul Karim ont imposé un nouveau régime au Niger. Mamadou Tandja renversé, ce sont désormais eux qui orchestrent sa succession.
Aux côtés du commandant Salou Djibo, chef de la junte, il y a trois « cerveaux », trois colonels unis derrière ce putsch. Ils sont d’autant plus connus des Forces armées nigériennes qu’ils n’en sont pas à leur première participation à une opération de cette nature. Les colonels Djibrilla Hima Hamidou, Abdoulaye Adamou Harouna et Goukoye Abdul Karim ont déjà œuvré, en 1999, aux côtés de Daouda Mallam Wanké, l’instigateur du coup d’État qui a coûté la vie à Ibrahim Baré Maïnassara.
Autre point commun : ces putschistes récidivistes ont gravi les échelons de la hiérarchie sous la mitraille. Tous trois ont pris part aux combats qui, dans le nord du pays, opposaient les forces armées régulières aux combattants de la rébellion touarègue.
Le 18 février dernier, une fois le putsch réussi, ils n’en ont pas moins décidé de se mettre en retrait au profit du chef d’escadron Salou Djibo, qui a pris la tête du Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD, nom de la junte qui dirige désormais le pays).
Une personnalité se distingue, au sein du trio, par son parcours et sa popularité. Ancien prodige du ballon rond, surnommé Pelé en raison de ses prouesses au football, Djibrilla Hima Hamidou a présidé l’Association sportive des forces armées nigériennes (Asfan), de l’avis unanime le club le mieux géré et le mieux loti du pays. Ce Djerma de 46 ans, formé à l’Académie militaire royale de Meknès, au Maroc, a été élu, le 25 juillet 2009, à la tête de la Fédération nigérienne de football (Fenifoot) pour redresser une structure minée par l’absence de résultats et des scandales à répétition.
Connu aussi bien sur les terrains de jeu que sur les terrains de combats, Djibrilla Hima Hamidou fut d’abord aux côtés du putschiste Ibrahim Baré Maïnassara, au pouvoir de 1996 à 1999, avant de le lâcher pour soutenir son tombeur, Daouda Mallam Wanké, chef du Conseil de réconciliation nationale dont il fut le porte-parole.
Après l’élection présidentielle de la fin 1999, il est nommé par Mamadou Tandja chef de la division des blindés, puis commandant de la zone de défense numéro 1 de Niamey, Tillabery-Dosso. Le 18 février dernier, il a joué un rôle décisif dans l’occupation des points stratégiques de la capitale. C’est dans son bureau que la presse a été réunie pour recueillir les premières déclarations du CSRD.
Courageux au combat
Issu d’une famille de militaires, Abdoulaye Adamou Harouna a été présenté dans un premier temps comme le nouvel homme fort. Il était, ainsi que son frère Djibrill Harouna, avec les « bérets verts » de la compagnie d’appui, l’unité des blindés, qui a fait le coup de feu et pris d’assaut le palais présidentiel. Ce Songhai, ancien aide de camp de Daouda Mallam Wanké, a été ensuite commandant des Casques bleus nigériens en Côte d’Ivoire. Promu colonel en octobre dernier pour ses faits d’armes contre les rebelles touaregs, cet homme taciturne est réputé courageux au combat.
Goukoye Abdul Karim complète le trio. Auteur de la déclaration qui restera dans les annales comme l’acte scellant le coup d’État, il n’a pas été affecté par hasard à cette tâche. Celui qui cumule les fonctions de directeur du renseignement militaire et de porte-parole de l’armée est un habitué des micros et des caméras. En juin 2009, au lendemain de l’appel de l’opposition à l’armée pour « restaurer la démocratie », il avait réaffirmé la « volonté des Forces armées nigériennes de respecter les règles et les institutions de la République ». Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis cette sortie retentissante.
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