Toumaï au bercail !

Publié le 15 février 2010 Lecture : 2 minutes.

Le 19 juillet 2001, au bout d’une fouille laborieuse au cœur du désert du Djourab, dans le nord du Tchad, Ahounta Djimdoumalbaye et ses ­collègues de la Mission paléoanthropologique franco-tchadienne (MPFT) tombent sur le crâne d’un hominidé vieux de 7 millions d’années. L’événement, qui fait du Tchad le berceau de l’humanité, bouscule toutes les connaissances archéologiques jusque-là acquises. Le fossile est en effet d’une espèce et d’un genre nouveaux. Jamais un autre comme lui n’avait été découvert auparavant. Alors que les scientifiques le nomment Sahelanthropus tchadensis (« homme de la zone sahélienne du Tchad »), le président tchadien, Idriss Déby Itno, le baptise Toumaï (« espoir de vie » en gorane, l’une des langues du pays).

Fin 2001, contre décharge et promesse de le ramener, le crâne est remis, « à des fins d’études », au ­paléoanthropologue français Michel Brunet, qui dirigeait la MPFT. Depuis, il se trouve dans un laboratoire fortifié du département de paléontologie humaine de l’université de Poitiers, dans le centre de la France. Des spécialistes du monde entier l’auscultent au quotidien dans le but de reconstituer son régime alimentaire, sa bipédie, son langage, sa latéralisation, son milieu de vie…

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Si le Tchad ne dispose pas de structures pour accueillir de telles recherches, Idriss Déby Itno tient à faire savoir qu’il garde l’œil sur le premier homme né dans son pays. En visite à Poitiers en 2003, il lance aux chercheurs : « Je suis venu m’assurer que Toumaï est bien conservé. S’il est l’ancêtre de l’humanité, il est d’abord et avant tout tchadien. Il appartient donc au patrimoine culturel et historique de mon pays, qui attend son retour dès la fin de vos études. »

En quittant Poitiers, le numéro un tchadien rapporte dans ses bagages Abel, un australopithèque vieux de 3,5 millions d’années, découvert au Tchad en 1995 avant d’être mis à la disposition des chercheurs français. Depuis son retour au bercail, Abel, contemporain de Lucy (trouvée en Éthiopie et considérée comme l’ancêtre de l’humanité jusqu’à la découverte de Toumaï), est conservé dans l’un des coffres-forts de l’agence tchadienne de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), où on l’imagine mieux gardé que les avoirs de ladite banque – au cœur d’un scandale récent. Le nouveau bâtiment du musée national, baptisé Toumaï, est en train d’être érigé à N’Djamena. Il sera équipé de chambres fortes et de boxes de conservation. Les autorités tchadiennes, qui réceptionneront cet établissement en juin 2010, entendent y abriter Abel et les 17 000 fossiles découverts dans leur pays. Mais aussi et surtout Toumaï. Les chercheurs, qui déclarent avoir encore besoin de temps, ne vont toutefois pas se presser pour le leur rendre. Quand reverra-t-on le premier homme en Afrique, berceau de l’humanité ?

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