Adieu à André Kolingba

L’ancien président de la République centrafricaine est décédé le 7 février, à 73 ans.

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  • Tshitenge Lubabu M.K.

    Ancien journaliste à Jeune Afrique, spécialiste de la République démocratique du Congo, de l’Afrique centrale et de l’Histoire africaine, Tshitenge Lubabu écrit régulièrement des Post-scriptum depuis son pays natal.

Publié le 15 février 2010 Lecture : 2 minutes.

Les partisans du Rassemblement démocratique centrafricain (RDC) étaient convaincus qu’il serait leur candidat à la prochaine présidentielle, prévue cette année. Mais le sort en a décidé autrement : André Kolingba a été emporté par un cancer de la prostate, le 7 février à Paris.

Né à Bangui en 1936, il fut avant tout un militaire. Entré dans l’armée française en 1954, il est formé à Brazzaville (Congo) puis, en France, à l’École des officiers d’active de Fréjus et à celle d’application des transmissions de Montargis. Est-ce son niveau de formation qui inquiète l’empereur Bokassa Ier au point qu’il le nomme ambassadeur au Canada et en Allemagne de l’Ouest ? Toujours est-il qu’à la chute de Bokassa, en 1979, son successeur, David Dacko, nomme Kolingba chef d’état-major des armées. Le 1er septembre 1981, le général chasse Dacko du pouvoir, même si d’aucuns affirment qu’il s’agissait d’une démission.

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Kolingba n’a qu’une envie : redorer le blason d’un pays ubuesque. Mais il commence par confisquer les libertés, à peine restaurées. Comme ses prédécesseurs, il n’échappe pas à la tutelle de Paris, dont il semble être la nouvelle marionnette. Kolingba s’est en effet attaché les services d’un officier français, le colonel Mansion, arrivé à Bangui dans le cadre de la coopération. C’est lui qui, en 1982, le sauve lorsque François Bozizé, ministre de l’Information, et Ange-Félix Patassé tentent de prendre le pouvoir. Mansion, qualifié de proconsul, est, dit-on, le véritable maître du pays. Pour beaucoup de Centrafricains, c’est ce coup d’État raté qui a conduit le général à une vision tribale des institutions comme l’armée et l’administration.

En 1991, sous la pression de la rue, il accepte le multipartisme, qu’il avait interdit. Et c’est Patassé qui ­remporte la présidentielle de 1993. Arrivé quatrième, Kolingba s’incline. Mais en mai 2001 il est mêlé à une tentative de putsch contre Patassé. Exilé en Ouganda, il revient en Centrafrique en 2003 après avoir été amnistié par Bozizé. En 2005, il est troisième à la présidentielle. Ses compatriotes retiendront sans doute une chose d’André Kolingba : le courage d’avoir demandé pardon pour ses erreurs. 

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