Pour une nouvelle éthique

Ancien secrétaire général de la Ligue des États arabes

Nicolas Sarkozy au Forum de Davos © Monika flueckiger/World economic Forum

Nicolas Sarkozy au Forum de Davos © Monika flueckiger/World economic Forum

Publié le 19 février 2010 Lecture : 3 minutes.

En appelant à instaurer de nouveaux rapports entre la finance et l’économie, le discours inaugural du forum de Davos – prononcé le 27 janvier par le président Nicolas Sarkozy – ouvre, en même temps, la voie à une nouvelle conception de la société.

Le président français a plaidé, en effet, pour un retour à un humanisme qui remet l’homme – le respect de sa dignité et la recherche raisonnable de son bien-être – au centre des préoccupations de l’économie de marché. Pour lui, la crise que cette économie traverse depuis près de deux ans est due à une dérive financière qui a privilégié le profit facile et à court terme, au détriment de l’effort et du respect des intérêts bien compris, et à longue échéance, de l’économie et de la société.

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Cette primauté, a ajouté Nicolas Sarkozy, longtemps donnée à la finance et à l’argent – donc aux intérêts d’une élite restreinte – a déstabilisé l’économie et mis en avant des valeurs contraires au progrès social, au développement de l’emploi et à l’équité entre les rémunérations et les mérites. Le « tout financier », qui a dominé la marche de l’économie – a-t-il encore souligné –, a fait ressortir les ­conséquences néfastes engendrées par le déséquilibre entre les exigences du présent – un présent, devons-nous ajouter, surtout occidental – et une nécessaire solidarité, tant entre les peuples du monde qu’entre les générations. Notamment l’affaiblissement du sens de la responsabilité, à force de réduire les risques, la dilapidation de ressources non renouvelables, des agressions irréparables contre l’environnement.

Le président Sarkozy, qui veut mettre le système bancaire sous gouvernance éthique, préconise une sorte de « révolution culturelle » pour redresser l’échelle des valeurs et mettre au sommet, non pas l’argent ou le capital, mais l’homme et son travail, son bien-être et son avenir, au moyen d’un développement solidaire de toutes les sociétés.

Ceux qui connaissent l’éthique de l’islam concernant l’argent, mais aussi le travail, l’effort et le devoir de solidarité entre individus et entre couches sociales ou communautés différentes à l’opposé des pratiques en vigueur dans la plupart de nos sociétés –, n’auront pas manqué de remarquer des similitudes frappantes entre les idées exposées dans le discours de Davos et les règles considérées comme fondamentales dans l’islam. Si l’argent n’y est pas regardé avec mépris, il est tenu, strictement, pour un moyen au service de finalités sociales : le bien des individus et l’équilibre de la société.

Mais rien n’égale, en mérite, le travail et l’effort productif, surtout au service d’autrui. Pas même les actes de dévotion. Agir pour développer la solidarité, l’entraide et la fraternité ­entre les hommes – sans aucune restriction d’ordre confessionnel – est, dans la morale islamique, un des sommets du mérite. Le droit de propriété est lui-même nuancé par un devoir de solidarité envers autrui pour en régler la maîtrise et le préserver d’excès égocentriques pouvant nuire au prochain.

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L’éthique islamique s’étend au respect de la nature et au bon traitement des animaux. Enfin, si l’islam est favorable à l’économie de marché, il exige qu’elle soit sévèrement réglementée et soumise à un code spécial. Il insiste pour que les capitaux soient investis dans des actions d’intérêt public.

N’y a-t-il pas, dans ces enseignements – qui remontent à quatorze siècles ! –, de quoi réveiller des nations musulmanes engourdies dans une gloriole inutile et coupée des réalités présentes ?

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