Sexe, drogue et tchoukoutou

Dans son dernier roman, dédié à un public béninois friand de polars, Florent Couao-Zotti fait de Cotonou une capitale du crime.

A lire le romancier, la drogue circule aux abords du marché de Dantokpa, à Cotonou. © kwekwekan

A lire le romancier, la drogue circule aux abords du marché de Dantokpa, à Cotonou. © kwekwekan

NICOLAS-MICHEL_2024

Publié le 19 février 2010 Lecture : 2 minutes.

Des femmes fatales en veux-tu en voilà, des liasses de billets, une bonne réserve de poudre blanche, quelques morts, une longue course-poursuite, deux ou trois scènes torrides dans les bas-fonds de Cotonou où le tchoukoutou (bière de maïs) coule à flots. Tous les ingrédients du polar sont réunis dans le nouveau livre de ­Florent Couao-Zotti, Si la cour du mouton est sale, ce n’est pas au porc de le dire. Le Béninois campe un personnage cabossé embarqué dans une intrigue sur laquelle il n’a guère de prise. Comment pourrait-il en être autrement ? Samuel Dossou Kakpo, dit SDK, est « un ver de terre nu, un homme toujours désargenté comme il en pullule dans les égouts, derrière les comptoirs ou même les belles enseignes de Cotonou ».

Florent Couao-Zotti confie qu’il a écrit ce livre pour se « faire plaisir », et à l’intention d’un public béninois friand de polars. « C’était l’occasion de proposer un immense éclat de rire, dit-il. Je ne peux pas construire un polar sur un ton dramatique, pesant, sérieux – même si les thèmes que je développe peuvent parfois être très durs. » Partant du constat que nombre de ses compatriotes adorent l’action et l’érotisme un tantinet faisandé des SAS de l’écrivain français Gérard de Villiers, Couao-Zotti s’est amusé à jouer avec les clichés du genre. Ainsi croise-t-on dans ce roman plusieurs vamps aux formes aguicheuses. Le méchant de l’histoire, le Libanais Smaïn, ne se montre pas insensible à l’une d’elles : « C’était son type de négresse. Une femme toute en liane, presque dégingandée à force d’être grande, un buste plutôt fin, des hanches qui explosent en une espèce d’entonnoir, des fesses, de gros pamplemousses accentués par la cambrure des reins. Le tout serré dans un pantalon moulant qui en soulignait la géographie abrupte et renversante. »

la suite après cette publicité

"J’ai une prédiléction pour les femmes fatales"

« Qui connaît mon univers ne sera pas surpris de croiser les femmes qui sont dans mon livre, explique l’auteur. J’ai une prédilection pour les femmes fatales qui vont jusqu’au bout de leurs objectifs, même si cela peut coûter la vie à autrui. » De fait, l’une de ses « ­héroïnes » n’hésite pas à utiliser un jeune homme pour parvenir à ses fins, et s’en débarrasse au couteau une fois qu’il ne lui est plus utile. Il faut dire que ce mauvais coucheur refuse en outre de la satisfaire sur le plan sexuel…

À lire Couao-Zotti, et malgré son humour gouailleur, Cotonou serait une capitale du crime. Entre le marché de Dantokpa et le port, la drogue circule et l’on meurt pour un oui ou pour un non. « C’est parfois encore plus sombre que ce que je peux écrire. Il y a aujourd’hui beaucoup de jeunes en relation avec des réseaux de trafic de drogue. Les policiers sont arrosés pour rester silencieux… Mais je ne veux pas donner une image négative de la police, certains font leur boulot et obtiennent des résultats. »

SDK, l’enquêteur un peu paumé, devrait reprendre du service dans un prochain polar portant sur l’intégrisme musulman. Mais, pour l’heure, Florent Couao-Zotti est en train de mettre la dernière main à l’histoire d’un ancien combattant qui vit dans la misère et a décidé de se venger de la France. SDK a donc un peu de temps devant lui pour se remettre de ses émotions.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

L’Afrique déplumée

Coke en stock

Contenus partenaires