Rap à Billy

Chroniqueur du quotidien, l’artiste Billy Billy connaît un franc succès en Côte d’Ivoire. Et cherche à conquérir le marché européen.

Le rappeur ivoirien Billy © Vincent Fournier/J.A

Le rappeur ivoirien Billy © Vincent Fournier/J.A

Publié le 19 février 2010 Lecture : 2 minutes.

Il est au rap ce que l’écrivain journaliste Venance Konan est à la plume. Un chroniqueur du quotidien, des frasques des puissants comme de la vie des petites gens. Billy Billy, de son vrai nom Yao Billy Serge, fait actuellement la promotion de son deuxième album, intitulé Réunion 2 famille. En deux mois, il a déjà vendu plus de 10 000 exemplaires en Côte d’Ivoire, sans compter les milliers de CD piratés et vendus sous le manteau jusque devant les portes du palais de la présidence.

Dans ses chansons, ce Bété de 29 ans n’a pas son pareil pour se moquer des siens, décrire la cruauté des bidonvilles et exhorter les jeunes à se prendre en main. Mais, surtout, l’artiste prévient : ne rien attendre des politiciens. « Avant les élections, ils nous font les yeux de l’amour. » Billy Billy avoue avoir rejeté plusieurs propositions des candidats pour animer leurs meetings. Il ne compte pas aller voter, ou votera blanc. Il dit encore des politiques : « entre vous-mêmes, vous vous mettez en prison », clin d’œil aux prisonniers du cacao proches du pouvoir incarcérés à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca). Et de conclure : « Quand le peuple n’est pas content… un DJ peut devenir président [NDLR : allusion à Madagascar]. »

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Billy Billy n’est pourtant pas rebelle comme les autres. Il est aux antipodes des rappeurs enragés et hardcore. Sa musique donne plutôt la chair de poule et éveille les consciences. Son langage est celui des Ivoiriens de la rue, mélange de français et de nouchi (argot ivoirien). Il le décline, avec un accent du cru, sur différents rythmes et mélodies d’Afrique à base de percussions. Son histoire personnelle est celle de la persévérance. Né en 1980 dans le quartier d’Abobo, à Abidjan, il part très tôt à Daloa où son père, instituteur, est muté. Il y grandit au milieu de quatre frères et deux sœurs. Mais perd rapidement sa mère, à l’âge de 10 ans. Heureusement, ce bon élève, un peu turbulent, a des passions : théâtre, musique et chant dans les chorales. À 18 ans, il revient à Abidjan, passe son bac, s’inscrit à l’université. Il s’installe à Wassakara, dans le quartier de Yopougon, et vit de petits boulots : maçon, vendeur de café, gérant de baby-foot, de cabine téléphonique…

Avec ses maigres revenus, il loue les services de musiciens pour enregistrer un titre, qu’il présente sur Radio Cocody FM. Pris en main par le producteur Jean-Marc Guirandou, il sort son premier album, Nouvelles du pays, en 2007. Un succès : 200 000 exemplaires sont écoulés. Il reçoit le prix de la révélation ivoirienne pour l’année 2008. Billy Billy veut aujourd’hui s’ouvrir les portes de l’Europe. Son manager est en discussion avec Sony pour sortir son album en France… 

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