Crise de la république
Islam made in France
Les débats récurrents sur l’islam en France sont le signe d’une crise de la république. Cette crise est patente lorsqu’on assimile abusivement la revendication de la différence exprimée par certains musulmans – quel que soit par ailleurs son bien-fondé – à une aspiration au pouvoir et à l’hégémonie, lorsque remonte à la surface une tendance à la négation des particularismes, lorsqu’on occulte sous couvert de laïcité l’appartenance religieuse, en l’occurrence chrétienne, dominante dans maints secteurs et en particulier dans les fêtes officielles, et lorsqu’on érige les valeurs morales communes en idéal, en lieu et place des valeurs politiques communes.
Il n’est pas exclu que persistent dans ces attitudes des relents de l’antagonisme séculaire entre l’islam et le christianisme, et même une certaine nostalgie de la période coloniale empreinte d’arrogance et de paternalisme. Cependant, il est incontestable, quelles que soient les motivations implicites, que la majorité des Français, chrétiens, musulmans, juifs, agnostiques et autres, désapprouve le voile intégral ou couvrant les cheveux, voire est choquée par le voilement des femmes. Néanmoins, il est malsain en démocratie de traduire cette désapprobation dans une loi. Désapprouver et interdire doivent rester deux attitudes distinctes. Il incombe à l’État républicain d’enseigner la valeur cardinale de l’autonomie de la personne pour qu’elle soit assumée vis-à-vis de toutes les contraintes extérieures, en l’occurrence celles des prédicateurs, des parents ou des maris, non de l’imposer. Que de comportements considérés à un moment donné comme déviants tomberaient alors sous le coup de la loi ! Ce serait, à n’en pas douter, une atteinte grave aux libertés qui n’agressent aucunement la liberté d’autrui ni ne la limitent.
N’assiste-t-on pas depuis quelque temps en France, lors des débats sur le foulard, sur la laïcité, et maintenant sur l’identité et sur la burqa portée par une infime minorité de femmes, à deux crises concomitantes : celle de l’islam, dégradé chez quelques-uns en idéologie, obscurantiste de surcroît, et celle de la république, qui n’ose pas affronter les vrais problèmes socio-économiques et préfère engager le pays dans des voies sans issue ! Ces crises structurelles mettront du temps à être dépassées, mais la lucidité commande au minimum d’en être conscient, faute d’y trouver pour le moment des solutions satisfaisantes et viables.
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