L’année angolaise
Le pays, qui a présidé l’Opep en 2009, a aussi confirmé son leadership pétrolier en Afrique subsaharienne. Ses investissements l’emmènent aujourd’hui hors du continent.
Pétrole et gaz : quand le continent profite de la crise
Fin décembre 2009, Luanda, la capitale angolaise, accueillait le 155e sommet de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). La rencontre, qui réunit tous les ans le gratin du monde de l’or noir, couronnait la présidence tournante de ce cartel assurée durant l’année par l’Angola. Une consécration pour ce pays sorti en 2002 de plus de quinze ans d’une sanglante guerre civile et qui affiche aujourd’hui son ambition de figurer parmi les plus grandes puissances pétrolières du continent. La société nationale Sonangol, à travers le développement de ses activités à l’international, pourrait bien l’y aider.
Contrat en Irak
Dans la foulée du sommet de Luanda, la Sonangol a décroché – au terme d’âpres négociations –, un contrat en Irak pour l’exploitation de deux champs dans le nord du pays. L’appel d’offres lancé par les autorités irakiennes avait pourtant vu la participation de toutes les majors et visait à céder les dix plus petits champs du pays à des compagnies étrangères. Dès cette année, la Sonangol exploitera pour vingt ans le champ de Najma (858 millions de barils) et versera au gouvernement irakien 6 dollars par baril pompé. Sur le deuxième site, Qayara (807 millions de barils), la société publique angolaise devrait payer 5 dollars par baril.
Outre l’Irak, l’Angola veut également investir dans l’exploration et la production au Brésil, en Équateur, et au São Tome e Príncipe. La compagnie nationale a d’ailleurs conclu fin 2009 un accord de partenariat avec les autorités de ce dernier. L’archipel situé à 350 km des côtes du Gabon deviendra producteur dans deux ou trois ans. « Nous allons investir 100 milliards de dollars entre 2008 et 2014 dans l’exploration et la production, et creuser 100 puits par an », avait indiqué en 2008, Manuel Vincente, président de la Sonangol. Selon Philippe Hugon, chercheur à l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris), ce développement tous azimuts à l’étranger de la Sonangol n’a pas pour objectif de compenser l’épuisement des réserves dont l’exploitation dure depuis un demi-siècle. « Les gisements du pays vont croissant grâce aux fortes potentialités du sous-sol maritime du pays », explique-t-il.
En octobre 2009, Total et ENI ont encore annoncé de nouvelles découvertes. Et plusieurs autres projets en cours de développement devraient augmenter les capacités du pays à partir de 2011 : Pazflor pour Total avec 200 000 barils par jour (b/j) escomptés, les champs Tombua et Landana pour Chevron (100 000 b/j), le projet PSVM chez BP (130 000 b/j), et Kizomba-D pour ExxonMobil (125 000 b/j).
1,9 million de barils par jour
Doté de près de 13 milliards de barils de réserves prouvées et avec une production quotidienne de près de 1,9 million de barils, « l’Angola, avec la Sonangol, semble se doter d’une société aux ambitions mondiales, à l’instar de Petrobras ou de Gazprom », estime Frédéric Cegarra, vice-président de Total en charge des opérations du groupe en Angola. Le pays est considéré aujourd’hui comme le premier producteur d’or noir en Afrique subsaharienne, devant le Nigeria, leader jusqu’en 2008. Pénalisé par l’insécurité dans la région pétrolifère du Delta du Niger, le pays d’Umaru Yar’Adua a vu sa production passer de plus de 2 millions de b/j en 2006 à quelque 1,8 million actuellement. « Aujourd’hui, l’Angola présente autant d’intérêt pour nous que le Nigeria, dont les réserves [36 milliards de barils, NDLR] sont pourtant largement plus importantes », affirme Frédéric Cegarra.
Reste que le pays devrait faire face à la recrudescence des actes de violence des rebelles du Front de libération de l’enclave de Cabinda (Flec). Mais aussi de la corruption. L’Angola a été classé en 2009 parmi les dix pays les plus corrompus d’Afrique par Transparency International.
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