Conférence de Londres sur l’Afghanistan : trois idées pour une sortie de crise
Alors que 110 000 soldats (avec bientôt 30 000 Américains en renfort) ne réussissent pas à venir à bout de quelques milliers de combattants aguerris, trois idées de sortie de crise ont pris forme lors de la conférence de Londres, le 28 janvier.
• Transférer les opérations de sécurité à l’armée et à la police afghanes dès la fin de 2010 en accélérant leur formation et en portant leur effectif à 300 000 hommes d’ici à octobre 2011. Ces troupes resteront-elles loyales ? Confrontés à des pertes records (520 tués en 2009), à la lassitude de l’opinion et à l’hostilité de civils afghans victimes de nombreuses bavures, les pays de la coalition ne peuvent que l’espérer…
• Négocier avec des talibans « modérés », comme Abdul Wakil Mutawakil, un ex-ministre des Affaires étrangères, et quatre de ses collègues dont les noms ont été retirés de la liste noire de l’ONU, qui gelait leurs avoirs et leur interdisait de voyager. Ce geste suffira-t-il à les désolidariser de l’influent mollah Omar ou du sanguinaire Jalaluddin Haqqani ? Certes, sous l’égide des Saoudiens, des talibans ont déjà rencontré en coulisses des émissaires du gouvernement afghan et même Kai Eide, l’envoyé spécial de l’ONU, juste avant le sommet. Mais, en position de force, ils exigent le retrait des troupes étrangères en préalable à une négociation avec Karzaï. Et on les imagine mal accepter de respecter la Constitution et les droits des femmes…
• « Retourner » les insurgés en leur offrant de l’argent et un travail. L’objectif n’est pas irréaliste. Contrairement aux talibans pakistanais, des étudiants endoctrinés dans des madrasas, leurs alter ego afghans sont le plus souvent des paysans que la misère a poussés à rejoindre la rébellion.
À Londres, les participants se sont engagés à créer un fonds de réinsertion de 500 millions de dollars et à doubler leur aide au développement d’ici à deux ans – à charge pour le gouvernement Karzaï de distribuer ces sommes. Au vu du dernier rapport de l’ONU sur la corruption, cette perspective laisse songeur.
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