Ou comment pallier le manque de diplômés

Les sociétés d’assurances peinent à trouver des cadres qualifiés. La formation continue apparaît alors comme la seule solution pour faire face à cette pénurie.

Cours de formation interne chez Axa Direct Assurances, à Rabat. © AFP

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Publié le 16 février 2010 Lecture : 3 minutes.

Assurances, l’heure des comptes
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Assurances, l’heure des comptes

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Bonne nouvelle pour l’emploi : en pleine croissance, le secteur de l’assurance recrute. Mauvaise nouvelle pour les employeurs : dénicher des compétences sur le continent relève du parcours du combattant. Avec des produits de plus en plus diversifiés et une forte concurrence, le défi n’est pas mince : toutes catégories confondues (cadres, agents de maîtrise, employés), les effectifs sont à peine de 6 600 pour 128 sociétés d’assurances réparties dans les 25 pays de la Fanaf, hors Afrique du Sud, Égypte et Nigeria. L’enjeu relève de la survie, car seuls les meilleures compagnies sortiront vainqueurs de la concentration annoncée du secteur.

« Dans une activité de service comme la nôtre, la valeur ajoutée tient tout entière à la qualité des hommes », souligne Mathieu Dierstein, vice-président délégué du groupe Ascoma, courtier en assurances présent dans treize pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale. Et de poursuivre : « La gestion et le développement des ressources humaines constituent une préoccupation constante. De leur côté, les compagnies d’assurances, souvent jeunes et en progression, ont à constituer un portefeuille de savoir-faire autant que de produits. L’un ne peut aller sans l’autre. »

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Pas assez d’écoles spécialisées

Sur le terrain, les compagnies expriment leurs difficultés à trouver les compétences à la mesure de leurs ambitions. Le peu d’établissements qui forment des cadres de haut niveau est la principale raison invoquée. L’un des plus reconnus, l’Institut international des assurances de Yaoundé (IIA), malgré ses antennes dans les 14 pays de la Conférence interafricaine des marchés d’assurances (Cima), ne semble pas en mesure de répondre à la demande : depuis une quinzaine d’années en sont sortis 1 840 techniciens d’assurances et 336 agents techniques. À son siège, l’IIA forme des cadres très prisés : 557 cadres supérieurs et 133 cadres de maîtrise ont été diplômés en 17 promotions. Insuffisant en regard des besoins et du potentiel local. Face à cette pénurie, les jeunes partent se spécialiser en Europe ou aux États-Unis, et « n’en reviennent pas toujours », regrette Patrick Mommeja, responsable des assurances de personnes et de la microassurance chez Allianz.

Par la force des choses, les recruteurs se rabattent sur les diplômés d’autres filières universitaires et optent pour la formation continue des salariés, via des centres privés, plus nombreux sur le continent. C’est le choix du groupe Ascoma : « Nous recherchons des commerciaux, des juristes, des informaticiens, des personnes disposant d’une bonne culture générale, qui pratiquent l’anglais ou le chinois », détaille Mathieu Dierstein. Même son de cloche chez Colina Sénégal : « Nous recrutons des juristes pour la rédaction des contrats, des ingénieurs capables d’évaluer les risques sur les sites, ou encore des commerciaux qui négocient nos produits », égrène Alain Harscoet, directeur général. En dernier recours, il reste le débauchage chez les concurrents, une pratique peu avouable devant le risque de surenchère, notamment sur les salaires, et sa répercussion sur l’ensemble des acteurs.

E-learning, réunions et séminaires d’un bout à l’autre du continent, appels à des spécialistes régionaux, la formation continue est devenue l’unique solution. Colina Sénégal (onze salariés à Dakar) a de ce fait prévu d’y consacrer 10 millions de F CFA au cours de l’année 2010 : « Les quelques jeunes que nous recruterons cette année, outre leurs compétences professionnelles et relationnelles, auront besoin d’acquérir des savoir-faire spécifiques, précise Alain Harscoet. En plus du rôle pédagogique que chacun d’entre nous doit jouer, des formations internes et externes leur seront proposées. » On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même. Cela pourrait bien devenir la devise du secteur.

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