Turquie : War Games
La décision tombe à pic. Le 21 janvier, la Cour constitutionnelle a annulé la seule loi vraiment cruciale que le gouvernement AKP avait réussi à faire adopter en sept ans. Promulguée en juillet 2009 dans un contexte de vive tension avec l’état-major, cette loi prévoyait que les militaires pouvaient être jugés par des tribunaux civils.
Bastion laïc hostile au gouvernement islamo-conservateur, la Cour constitutionnelle ne l’a pas entendu de cette oreille. Sa décision pourrait remettre en question la poursuite du procès Ergenekon (les prévenus sont accusés, entre autres, de quatre tentatives de coup d’État militaire) ainsi que des enquêtes portant sur une série de complots, éventés entre juin 2009 et janvier 2010, dont l’objectif était de plonger le pays dans le chaos pour renverser le gouvernement.
Prendre de prétendus islamistes en flagrant délit de détention d’armes, assassiner des personnalités connues pour leur attachement à la démocratie ou représentant des minorités, abattre Bülent Arinç, le vice-Premier ministre, organiser des attentats contre des mosquées, créer un incident militaire avec la Grèce… les scénarios ne manquaient pas.
Face à ce flot d’accusations qui font, à l’évidence, partie d’une guerre psychologico-médiatique, Ilker Basbug, le chef d’État-major, crie à la machination. « La patience des forces armées a des limites », a-t-il menacé. Sa ligne de défense est jugée peu convaincante. Outre qu’il se contente de nier sans apporter de preuves, ses instances judiciaires traquent les auteurs des fuites (soixante et un militaires sont soupçonnés)… mais pas les éléments putschistes !
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