Hissène Habré, dix ans après

Malgré l’instruction engagée en février 2000, l’ex-dictateur tchadien continue de couler une paisible impunité au Sénégal. Les victimes ont organisé une « semaine de l’impunité » pour marquer ces dix années pendant lesquelles elles ont espéré un procès qui se fait toujours attendre.

Publié le 5 février 2010 Lecture : 2 minutes.

Une décennie s’est écoulée depuis qu’un juge d’instruction dakarois a déclaré recevable, le 3 février 2000, la plainte pour violation des droits de l’homme déposée contre Hissène Habré, réfugié au Sénégal depuis sa chute, en 1990. En dépit de nombreuses péripéties, le procès de l’ex-dictateur n’a pas encore commencé. D’où la volonté des victimes de marquer d’un sceau particulier ce dixième anniversaire.

Depuis début janvier, les ciné-clubs de la capitale tchadienne projettent le poignant documentaire de Florent Chevolleau, Hissène Habré, la traque d’un dictateur (Canal +, février 2009), et les victimes et activistes des droits de l’homme se succèdent à l’antenne des radios locales pour revenir sur les exactions perpétrées par Habré. Ce 3 février, à N’Djamena, devait avoir lieu une conférence-débat sur « les dix ans de lutte », animée par Reed Brody de Human Rights Watch, Alioune Tine de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho), Jacqueline Moudeïna de l’Association tchadienne pour la promotion et la défense des droits de l’homme (ATPDDH) et Clément Abaifouta, président de l’Association des victimes des crimes et répressions politiques au Tchad (AVCRP). Le même jour devait avoir lieu une visite des fosses communes dans lesquelles ont été ensevelies des centaines de personnes mortes dans les geôles de Habré. Au programme également, la publication d’une étude du groupe d’analyse des données de droits humains de Benetech. Ce cabinet californien démontre que l’ex-dictateur a reçu directement de la Direction de la documentation et de la sécurité (DDS), sa meurtrière police politique, 1 265 notes concernant 898 détenus et, donc, qu’il était bel et bien au courant des pratiques de la DDS.

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L’ouverture du procès reste cependant bloquée par la difficulté à mobiliser les 18 milliards de F CFA (27,4 millions d’euros) réclamés par le Sénégal pour l’organiser. Un montant jugé excessif par la communauté internationale. Une mission conjointe Union européenne, États-Unis, Union africaine (UA) s’est rendue à Dakar à la mi-décembre 2009 dans le but d’élaborer un budget révisé. Elle était composée de Hermann von Hebel, greffier du Tribunal spécial des Nations unies pour le Liban, Fred Davis, avocat mandaté par le gouvernement américain, Fafré Camara et Marc Rwaninghungo, respectivement juriste et expert financier à l’UA. Leurs conclusions sont attendues avec impatience. 

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