En V.O. c’est mieux
Nombre d’écoles continuent d’enseigner en français, en anglais ou en portugais à des enfants qui n’en comprennent pas un mot. Une situation qui pénalise la réussite scolaire.
« Nous sommes le seul continent au monde où la majorité des enfants est éduquée dans une langue étrangère. » C’est le cruel constat dressé lors de la conférence ministérielle sur l’intégration des langues et des cultures africaines dans l’éducation, qui s’est tenue à Ouagadougou du 20 au 22 janvier.
Un demi-siècle après les indépendances, les langues européennes règnent encore en maîtresses dans la plupart des écoles publiques d’Afrique, au risque d’entraver le développement du continent et, en tout cas, l’efficacité de l’enseignement.
Au Burkina, où une expérimentation est menée depuis 1998, 70 % à 90 % des élèves qui commencent leur cursus scolaire en mooré, dioula ou fulfuldé (les principales langues du pays) atteignent le certificat d’études primaires, alors que ce taux ne dépasse pas 60 % dans les écoles « classiques », où l’enseignement se fait seulement en français. « On constate que les paysans qui parviennent à ce niveau d’éducation sont en moyenne plus productifs que les autres, explique Ahlin Byll-Cataria, secrétaire exécutif de l’Association pour le développement de l’éducation en Afrique (Adea). Pourtant, dans le système actuel, on cherche à la fois à enseigner aux populations une langue étrangère, comme le français, et en même temps à utiliser cette langue pour transmettre des connaissances et des savoir-faire. Le risque, c’est d’échouer sur les deux tableaux. »
Si la majorité des États semble prête à évoluer (vingt-six pays étaient représentés à la conférence), les difficultés sont nombreuses. Sur un continent qui concentre un tiers des langues du monde, instruire chaque élève dans sa langue maternelle suppose une organisation particulièrement complexe. Par ailleurs, beaucoup de parents pensent – surtout dans les villes – que la maîtrise des langues étrangères ouvre davantage de perspectives. Pourtant, comme le souligne Ahlin Byll-Cataria, « des études ont montré que le niveau de français est meilleur dans les écoles bilingues que dans les écoles classiques, où les enfants n’apprennent qu’en français ».
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