Beac : Gata Ngoulou « continue de bénéficier de la confiance » du président
Ancien secrétaire général de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), ministre des Finances du Tchad
Jeune Afrique : Vous êtes l’une des personnalités dont la gestion au sein de la Beac est épinglée par un récent rapport d’audit…
Gata Ngoulou : Un complot délibérément orchestré cherche à faire de moi l’un des boucs émissaires. L’audit a été biaisé. On a servi des conclusions erronées aux chefs d’État.
Ce rapport vous reproche d’avoir approvisionné le compte du Bureau extérieur de Paris (BEP) plus que ne l’exigeaient les besoins de cette structure de sorte que le surplus de fonds puisse être détourné.
Les fonds en question étaient transférés sur un compte de la Beac. C’est le gouverneur qui recevait les demandes d’approvisionnement et me les transmettait pour exécution. Sur la période 2004-2008 concernée par l’audit, j’ai ordonné 91 approvisionnements au profit du BEP, portant sur un montant global de 18,2 milliards de F CFA [27,7 millions d’euros], soit une moyenne annuelle de 3,64 milliards de F CFA. Au cours de cette même période, le BEP consommait 1 milliard pour son fonctionnement et effectuait annuellement des dépenses à hauteur de 5,4 milliards pour le compte du siège. Où se trouve l’excès dénoncé ? S’il y a eu abus, il faut peut-être les rechercher du côté des autres donneurs d’ordre qui, dans le même intervalle, ont autorisé 82 transferts, pour un montant global de 16,4 milliards, somme qui coïncide à peu près avec le montant des détournements imputés au comptable Ndzamba.
Le rapport vous reproche également d’avoir signé des marchés au profit des sociétés d’Armand Brice Ndzamba…
Je n’ai signé que des marchés portant sur un montant global de 275 millions de F CFA. Au profit de Ruby Export et d’UCA, sociétés qui ont été sélectionnées par le département de la gestion et de la sécurité, et par celui de l’investissement et du patrimoine à l’issue d’un appel d’offres. Je ne connaissais rien des activités de Ndzamba, qui opérait en France et non à Yaoundé.
Pour le reste, ni moi ni aucun de mes proches n’a bénéficié du moindre chèque frauduleux. Certains d’entre eux ont d’ailleurs mystérieusement disparu et ne figurent pas sur les listes dûment tronquées.
Tronquées par qui ?
Par ceux qui ont des choses à se reprocher et qui ont dissimulé d’autres éléments de preuve. Où est passé le disque dur de l’ordinateur de Ndzamba ? Il a disparu, alors que ce dernier n’avait plus accès au BEP et que la serrure de son bureau avait été changée, sur ordre du gouverneur, Philibert Andzembé. Il suffit de voir la liste des bénéficiaires des chèques pour connaître les auteurs, complices et protecteurs de cette vaste escroquerie.
Étes-vous fragilisé par les soupçons qui pèsent sur vous dans cette affaire ?
Je suis serein et je continue de bénéficier de la confiance du chef de l’État, Idriss Déby Itno, qui m’a fait l’honneur de me confier les deniers publics de notre pays.
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