Mortalité maternelle : l’exemple du Burkina
Connue pour son action contre la torture ou en faveur de l’amélioration du sort des prisonniers politiques, Amnesty International change de créneau. Le 27 janvier, l’organisation de défense des droits de l’homme a publié un rapport de 100 pages sur la mortalité maternelle au Burkina (« Donner la vie, risquer la mort »). Objectif : lutter contre l’afro-pessimisme et se montrer pragmatique.
Au Burkina, 307 mères meurent quand 100 000 enfants naissent. C’est beaucoup trop, comparé au taux français (9,6 décès pour 100 000 naissances), mais nettement mieux qu’au Nigeria ou en RD Congo où, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ce taux dépasse les 1 000 décès pour 100 000 naissances. En quinze ans, le Burkina a quasi divisé par deux son taux de mortalité maternelle. Depuis 2006, les frais d’accouchement sont théoriquement pris en charge à 80 %, et même dans leur intégralité pour les femmes indigentes.
Au lieu de choisir un pays au système de santé déliquescent où ses recommandations auraient fait l’effet d’un coup d’épée dans l’eau, Amnesty a choisi de mener son étude dans un pays politiquement stable, déjà doté de moyens pour lutter contre la mortalité maternelle. Au Burkina, ses préconisations sont réalistes ; éradiquer le fléau entre dans le domaine du possible.
La persistance de la mortalité maternelle tient au manque d’information des femmes enceintes, qui ignorent qu’elles peuvent profiter de consultations prénatales gratuites ; au non-respect de leurs droits par leurs époux, qui les obligent à travailler jusqu’au dernier jour ; à la mauvaise volonté d’un ambulancier, qui refusera de faire démarrer son véhicule avant que la famille de la parturiente ait rempli le réservoir alors que les transports sont gratuits. Autant de failles auxquelles une volonté politique pourrait remédier.
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