Bourse : le Caire et Tunis à la fête, Casablanca en demi-teinte

Les performances 2009 des Bourses nord-africaines sont contrastées. Les analystes sont optimistes pour 2010… si la reprise européenne se confirme.

Bourse de Casablanca © Alexandre Dupeyron pour J.A

Bourse de Casablanca © Alexandre Dupeyron pour J.A

ProfilAuteur_ChristopheLeBec

Publié le 3 février 2010 Lecture : 3 minutes.

Le Cairo and Alexandria Stock Exchange (Case) reste en 2009 la star régionale, mais la place de Tunis brille, avec la plus forte hausse. La Bourse égyptienne s’est remise de la crise financière avec 35 % de croissance pour l’indice EGX 30, même si la débâcle de Dubaï a pesé sur la fin d’année. Seconde capitalisation boursière du continent (derrière l’Afrique du Sud, mais devant le Nigeria et le Maroc), Le Caire doit ses résultats à un retour en force des fonds anglo-saxons, attirés par la taille et la liquidité du Case.

La Bourse de Tunis, beaucoup plus petite, atteint un record de 48 % de hausse sur le Tunindex, porté par la demande locale. Du jamais vu à Tunis. La Bourse de Casablanca, moins en forme, s’est repliée de 5 % (Moroccan All Shares Index, Masi), mais ce chiffre cache des disparités importantes entre les secteurs. « En Tunisie, les bons résultats s’expliquent par une baisse de la rémunération de l’épargne – qui a orienté les investisseurs locaux vers le marché actions –, mais aussi par les bons résultats des entreprises, en particulier les banques, qui portent plus de la moitié de la capitalisation », explique Lilia Kamoun, analyste à Tunisie Valeurs. La liquidité de la place s’est aussi améliorée : « Nous sommes passés de 3 millions à 4 millions de dinars en 2008 à 6 millions (4,6 millions de dollars) par jour », se félicite Lilia Kamoun. « Les Tunisiens ont encouragé les fonds d’investissement locaux, ce qui leur permet de mieux résister à la crise », juge, admiratif, Gabriel Fal, PDG de CGF Bourse (Sénégal).

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Néanmoins, Tunis peine toujours à séduire les investisseurs étrangers. « Nous espérons que les prochaines introductions, dont celle attendue de l’opérateur de télécoms Tunisiana, vont drainer les acteurs internationaux », indique Luca Del Conte, analyste à Medicapital. Il faut souhaiter qu’elles soient mieux préparées que celle des Ciments de Bizerte, dont les actions ont subi une décote de plus de 25 %.

L’État, qui veut introduire d’autres entreprises publiques (dont la Compagnie tunisienne de navigation, CTN), jouera un rôle majeur en 2010. Luca Del Conte pronostique une hausse de 20 % et un triplement de la liquidité. L’expansion régionale des entreprises tunisiennes en Algérie et en Libye devrait également doper les titres de Tunisie Profilés Aluminium (TPR), de Poulina ou encore du producteur de batteries Assad.

À Casablanca, l’ambiance est plus morose. « De 40 millions de dollars de transactions par jour en 2008, la Bourse marocaine a chuté à 20 millions en 2009 », indique Luca Del Conte. Les investisseurs étrangers se sont concentrés sur les valeurs bancaires (Attijariwafa Bank, BMCE) et des télécoms, qui représentent plus de la moitié de la capitalisation, mais assez peu sur celles de l’industrie agroalimentaire, pourtant un secteur ou le pays excelle. Des entreprises comme la Centrale laitière ont connu peu de mouvements. « Il faudrait d’autres introductions pour susciter l’intérêt des investisseurs étrangers et améliorer la liquidité », estime Luca Del Conte.

Communication financière à améliorer

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Autres pistes envisagées : baisser les barrières à l’entrée pour les étrangers et favoriser une meilleure communication financière. En 2010, Luca Del Conte pense que Casablanca pourrait regagner des couleurs avec une hausse entre 5 % et 10 % et une augmentation de 30 % de la liquidité. Un vœu pieux ?

Reste le cas de l’embryonnaire Bourse d’Alger, qui piétine avec seulement 6,6 milliards de dinars de capitalisation boursière (93,7 millions de dollars) et 2 cotations sur le marché actions : le groupe pharmaceutique Saïdal (dont le titre a progressé de 4 % en 2009) et l’hôtelier El-Aurassi (stable sur l’année). Les investisseurs potentiels étudieront avec attention les effets de la réforme du marché financier. Ils scruteront aussi les résultats économiques de l’Europe, principal partenaire des entreprises maghrébines cotées. Que la reprise économique européenne se confirme ou patine, cela aura un impact sur les Bourses nord-africaines.

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