« Beacgate » : les enquêtes continuent

Des audits vont être menés pour faire toute la lumière sur les détournements © Diego Ravier pour J.A

Des audits vont être menés pour faire toute la lumière sur les détournements © Diego Ravier pour J.A

Publié le 1 février 2010 Lecture : 2 minutes.

Grand ménage à la Cemac
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Grand ménage à la Cemac

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Tous les agents de la banque qui se sont enrichis frauduleusement grâce aux 30 millions d’euros (19 milliards de F CFA) détournés depuis le bureau parisien de la Beac seront démasqués. Les six chefs d’État de la Cemac l’ont affirmé haut et fort à Bangui. Armand Brice Ndzamba, l’ancien comptable du bureau extérieur de Paris, et Maurice Moutsinga, l’ex-directeur de la comptabilité et du contrôle, ne devraient plus rester seuls à dormir dans une cellule de Libreville. « Tous les coupables seront poursuivis en justice, y compris si les conclusions des enquêtes prouvent leur culpabilité pour mauvaise gouvernance », précise Antoine Ntsimi, le président de la Commission de la Cemac. Ce qui, en principe, devrait élargir le champ des investigations aux membres (ou ex-membres) du gouvernement de la banque, d’autant qu’aux termes du communiqué final des chefs d’État, le gouverneur Andzembé et le vice-gouverneur Andely sont licenciés « sans indemnités et sans préjudice des autres poursuites ». Preuve de cette détermination : c’est au nouveau président en exercice de la Cemac, Denis Sassou Nguesso, qui vient de succéder à François Bozizé à ce poste, qu’il reviendra de veiller aux poursuites.

Saisies imminentes

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Déjà, un enquêteur de la brigade financière et un juge d’instruction français poursuivent les investigations concernant deux plaintes contre X déposées en 2009 auprès du parquet de Paris par l’ancien gouverneur, Philibert Andzembé. Des saisies conservatoires sont imminentes. Interpol traque toujours Marie-France Robert, l’ancienne secrétaire du délégué du gouverneur à Paris, Roger Kemadjou, qui s’est volatilisée au Maroc.

Après le sommet de Bangui, des audits et des enquêtes additionnelles seront engagés dans les mois à venir tant il paraît évident que les principaux inculpés n’ont pu agir sans complicités, internes et externes. Les futures investigations pourraient s’intéresser à l’identité des véritables actionnaires des sociétés-écrans destinataires des fonds détournés : Ruby export, Smartrade Company, TFCE, ainsi qu’à des entreprises qui ont profité de marchés attribués par la Beac à des conditions plus que favorables. « Tous ceux qui seront impliqués dans les détournements seront poursuivis en justice. Ils ont détourné des fonds d’États gérés par la Banque centrale qu’ils devront rembourser. Leurs biens seront saisis et vendus dans ce but », annonce Albert Besse, le ministre centrafricain des Finances et nouveau président du conseil d’administration de la Beac.

Sous la pression du FMI, les audits devraient aussi s’intéresser au compte d’opérations de la Banque centrale auprès du Trésor français, géré par la Banque de France. Tous les transferts d’argent en provenance des six pays de la Cemac ont transité par ce compte ultrasensible. « Nous saurons alors ce que les gouvernements ont fait de leurs réserves de devises, y compris les dépenses les plus confidentielles, comme les achats d’armes », précise un cadre de la Beac. Une chose est sûre : les États feront tout pour encadrer au maximum l’intrusion des enquêteurs au sein de leur coffre-fort commun. 

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