La voie royale
Après le remaniement gouvernemental du 3 janvier, une redistribution des cartes paraît inévitable. Seule incertitude : son timing.
La recomposition du champ politique marocain est à l’ordre du jour avec, à la clé, un chamboulement inattendu des rapprochements et alliances. À l’origine, l’irruption avec force du Parti Authenticité et Modernité (PAM), diligenté par Fouad Ali El Himma (FAH) et qui a bousculé les anciens « partis de l’administration ». La dernière victime est le Rassemblement national des indépendants (RNI), fondé jadis par le beau-frère de Hassan II avec le concours du ministère de l’Intérieur. Son actuel patron, Mustapha Mansouri, président de la Chambre des représentants, a manifesté des velléités de résistance devant le parti du tracteur (le logo du PAM).
Le rififi bat son plein
Mal lui en a pris. Il affronte une dissidence menée par Salah Eddine Mezouar, le ministre de l’Économie. Le rififi bat son plein : guerre des instances, Comité central contre Conseil national, Mansouri décrète l’exclusion des dissidents, dont les six ministres, Mezouar prépare le limogeage du président… La justice s’en mêle, on se perd dans les poursuites engagées par les uns et les autres. Au-delà des anathèmes réciproques, pas l’ombre d’un argument politique un tant soit peu convaincant. Le sort de Mansouri semble scellé : il devra perdre la présidence du RNI, puis celle de la Chambre, cédant ou plutôt rendant la place au socialiste Abdelouahed Radi. Le destin du RNI sous l’égide de Mezouar est écrit : un parti d’appoint, dans le sillage du PAM et de la nouvelle alliance qui s’esquisse.
La redistribution des cartes paraît inévitable après le remaniement gouvernemental du 3 janvier. Les interrogations ne portent que sur son timing : avant ou après les législatives de 2012. L’ancrage de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) au pouvoir est désormais acquis. La désignation de Driss Lachgar au ministère des Relations avec le Parlement a mis fin à toute tentation de retour des socialistes dans l’opposition. Et, partant, à leurs velléités comminatoires d’alliance avec les islamistes du Parti de la justice et du développement (PJD).
Vers un compagnonnage USFP-PAM
Du coup, le chemin est ouvert pour un rapprochement stratégique avec le PAM. C’est littéralement la voie royale. Une telle alliance, hier incongrue, impensable, voire contre-nature paraît désormais possible et même souhaitable de part et d’autre. Les socialistes n’ont pas abandonné leurs projets de réformes politiques et institutionnelles (renforcement des pouvoirs du Parlement et du gouvernement), mais ils prennent soin de les assortir de la bénédiction préalable du roi. Plus question de défendre les réformes contre le Palais, comme ce fut le cas sous le règne de Hassan II, mais avec lui. Les socialistes font tout en effet pour que l’initiative en ce domaine appartienne à Mohammed VI.
L’USFP se trouve de fait dans le même camp que le PAM. Le nouveau parti n’a rien contre les réformes, dès lors qu’elles sont initiées par le roi et menées en harmonie avec lui. En outre, comme il a grandi trop vite, il présente une certaine hétérogénéité – avec des troupes qui comptent d’anciens gauchistes, des cadres novices en politique et des barons conservateurs pas toujours recommandables. Dans ces conditions, le compagnonnage avec les socialistes aiderait le parti de FAH à résoudre ses problèmes d’identité.
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