Ben Laden : la dernière gaffe du FBI
À la mi-janvier, le FBI a publié sur son site une photo « réactualisée » d’un Ben Laden vieilli artificiellement. Problème : ce nouveau portrait a été composé à partir d’une photo du député espagnol Gaspar Llamazares.
À force d’être invisible, Oussama Ben Laden est partout. Et, une fois de plus, c’est grâce aux services secrets américains que l’on reparle du chef d’Al-Qaïda, dont la tête est mise à prix 25 millions de dollars. À la mi-janvier, le FBI a publié sur son site une photo « réactualisée » d’un Ben Laden vieilli artificiellement – le dernier cliché en sa possession remontait à 1998.
Stupeur
Stupeur en Espagne, où le quotidien El Mundo révèle que ce nouveau portrait a été composé numériquement à partir d’une photo du député Gaspar Llamazares. Le haut de son visage a servi à reconstituer celui du terroriste saoudien et, comme si cela ne suffisait pas, ses traits et ses cheveux ont été utilisés pour réaliser le portrait du Libyen Atiyah Abd al-Rahman, un autre membre d’Al-Qaïda.
D’abord anecdotique, l’affaire a enflammé les médias espagnols et suscité un coup de chaud entre Madrid et Washington. Llamazares, leader de la coalition Izquierda Unida (Gauche unie), est une figure de la vie politique nationale. Il a d’ailleurs aussitôt reçu le soutien de ses collègues, de droite comme de gauche. Les excuses de l’ambassade américaine à Madrid et les explications confuses du FBI, déjà empêtré aux États-Unis dans une affaire d’écoutes téléphoniques illégales et qui affirme avoir choisi sa photo « par hasard » sur Google, sont loin de convaincre l’intéressé.
« Utilisation sectaire et idéologique des services policiers »
Connu pour son hostilité à la politique étrangère américaine, celui qui avait qualifié le président du gouvernement José María Áznar de « Judas » pour avoir entraîné l’Espagne dans le bourbier irakien « ne croit pas à une coïncidence ». « Nous avons affaire à une utilisation sectaire et idéologique des services policiers. Je veux qu’une enquête détermine si les gauchistes sont recensés dans les archives du FBI », s’est indigné le député, qui peut légitimement s’interroger sur les tracas que sa ressemblance numérique avec Ben Laden pourrait lui causer dans un aéroport aux États-Unis.
Hasard du calendrier, cette nouvelle bévue des services américains est intervenue au moment où Janet Napolitano, la secrétaire à la Sécurité intérieure, arrivait en Espagne pour tenter de vaincre les réticences de ses homologues européens à s’équiper de scanners corporels dans les aéroports.
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