Déferlante nigériane
Après avoir enflammé l’Afrique australe et l’Afrique de l’Est, les deux frères du groupe P-Square sont en train de conquérir le marché ouest-africain francophone. Et enchaînent les tubes, mélanges de R’nB, hip-hop et dancehall.
Dans leur tube « Story », Peter et Paul Okoye, alias P-Square, racontent leurs débuts, il y a douze ans, avec leur groupe de danse, et la façon dont ils imitaient leur idole, Michael Jackson. Puis lorsqu’ils sont nominés groupe africain le plus prometteur aux Kora 2003. Sur un rythme R’nB un peu lent, porté par des chœurs d’enfants, les deux chanteurs remercient leur famille et leurs fans. Car leur histoire est celle d’un succès phénoménal : P-Square est en train de devenir le groupe nigérian le plus connu d’Afrique, après le chanteur 2 Face Idibia (et son méga tube « African Queen »).
En 2003, les deux frères sortent un premier album, Last Nite, qui se vend comme des petits pains. Leur mélange de R’nB, hip-hop et dancehall fonctionne. Ils vendent 10 millions d’exemplaires de leur deuxième album, Get Squared, (2005), sorti sous leur label tout neuf Square Records… Puis c’est déjà plus de 8 millions de copies pour le troisième, sorti en 2007, Game Over. Sacré Meilleur album de l’année aux Nigerian Music Awards, il fait encore des vagues en Afrique. Le titre phare, « Do me », l’un des plus gros cartons R’nB de 2008 du continent, était sur toutes les lèvres lors du dernier Fespam (Festival panafricain de musique) organisé à Brazzaville en août dernier. La déferlante P-Square touche aujourd’hui l’ouest et le centre (francophones) de l’Afrique, après avoir enflammé le sud et l’est du continent, et leur dernier album, Danger, est sorti fin 2009. Leur présence électrise les foules : on a vu des hommes hurler leur nom à s’en casser la voix à Accra et des femmes s’évanouir pour eux à Banjul…
Mais derrière les lunettes noires et le style bad boy, il y a deux vrais musiciens. Peter joue de la guitare acoustique, de la basse, de la batterie, et met au point les chorégraphies. Paul joue du piano et compose les morceaux. Ils puisent leur inspiration (et leurs samples) chez les rappeurs et chanteurs R’nB : Eminem, R. Kelly, Sean Paul et Usher.
Meilleur groupe de l’année
Paul et Peter ont grandi à Jos, et leur passion pour la musique est née au sein du club de théâtre et de chant de leur petite école catholique. Après avoir chanté dans un groupe a capella et créé une compagnie de danse, le Smooth Criminal, en 1997, ils commencent à écrire des musiques de films puis entrent à l’université d’Abuja… en administration commerciale. En 2001, un concours de chant national les révèle : dans la foulée, ils préparent leur premier album et font une tournée dans treize états du Nigeria. Ils ont été les premiers étonnés par leur succès. « On ne s’attendait pas à ça. Et dire qu’on se voyait travailler dans un bureau ! Ce n’est pas comme si nous avions grandi dans une famille riche. Ça a été difficile. On faisait de la musique tout en étant encore à l’école », explique Paul. « Notre père ne nous a jamais soutenus. Et notre mère, leader d’une communauté chrétienne, a essuyé beaucoup de critiques ! » ajoute Peter. P-Square a été élu meilleur groupe de l’année aux MTV Africa Music Awards 2008. Selon un journaliste nigérian qui les a interviewés, ils sont « humbles, honnêtes et ont les pieds sur terre ». Ils se sont pourtant fait remarquer en septembre, lors d’un show télévisé. Alors que les organisateurs leur avaient demandé au dernier moment de raccourcir leur prestation, ils ont jeté leurs micros en plein milieu de leur chanson en signe de protestation. Une incartade qui n’est pas sans rappeler celle de Kanye West aux MTV Music Awards, onze jours plus tôt. C’est le métier de star qui rentre…
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