L’avenir des banques en question

Confrontés à de très importantes difficultés financières, les établissements de Lagos ont déjà supprimé 8 000 postes. Fragilisés, ils pourraient devenir la proie d’entités étrangères.

ProfilAuteur_FredMaury

Publié le 29 janvier 2010 Lecture : 2 minutes.

Le secteur bancaire africain n’y était pas habitué. Les Nigérians, toujours à la pointe de la nouveauté, auront initié la tendance : celle des licenciements massifs. En quelques semaines, environ 8 000 employés de banques ont été mis à la porte des plus prestigieux établissements financiers de Lagos, dans un mouvement qui n’en finit plus de traumatiser des milieux d’affaires déjà très inquiets par les incertitudes sur la santé du président, Umaru Yar’Adua. Dans les bureaux de la capitale économique, l’époque où rien ne semblait résister aux banquiers, qui rêvaient même de bâtir des établissements panafricains, semble loin…

Traitement de choc

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Soumises depuis août dernier à un traitement de choc par le nouveau gouverneur de la Banque centrale, Lamido Sanusi, les banques multiplient depuis les déconvenues. Sans surprise, les neuf établissements repris en main par la Banque centrale en août dernier (Intercontinental Bank, Oceanic Bank, United Bank for Nigeria, Finbank, Afribank, Bank PHB, Equitorial Trust Bank, First Bank, Spring Bank) ont mené le bal des licenciements, acculées par près de 10 milliards de dollars de pertes annoncées à la fin du troisième trimestre de 2009. Les deux principaux établissements touchés, Intercontinental Bank et Oceanic Bank, ont mis à la porte environ 2 600 personnes.

Mais, plus largement, ce sont tous les établissements du pays qui ont été forcés de revoir leur politique de gestion des risques et d’adopter des méthodes de management en ligne avec les standards internationaux. United Bank for Nigeria, First Bank ou Zenith Bank, trois des plus importants établissements du pays, ont vu leurs bénéfices diminuer de 50 % à 120 %. Pour sortir le secteur de cette impasse, les autorités souhaitent la mise en place d’une société spéciale chargée de reprendre les prêts pourris des banques les plus en difficulté, un processus d’une telle ampleur qu’il pourrait prendre plusieurs années. 

Les petits vont disparaître

En attendant, les observateurs se demandent quel sera l’avenir des banques dont la gestion a été reprise par les autorités monétaires. Selon toute vraisemblance, les plus petites devraient disparaître ou être absorbées. Mais qu’en sera-t-il d’Intercontinental Bank et d’Oceanic Bank ? Ces deux établissements étaient leaders il n’y a pas si longtemps. Une réputation qui leur avait valu d’attirer des grands noms du capital-investissement international : ces derniers avaient investi au total, en 2007 et 2008, 290 millions de dollars dans ces deux banques.

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« Les actionnaires d’Intercontinental et d’Oceanic semblent être balayés », estime Jon Chew, directeur général chez le gérant Imara Asset Management. Selon Lamido Sanusi, 70 % des prêts d’Oceanic Bank seraient non performants et au moins 70 % de ceux-là auraient été accordés à Cecilia Ibru, la dirigeante de l’époque, ou à ses proches… Devant l’ampleur des dégâts, difficile d’imaginer que des groupes bancaires étrangers ou même nigérians se risquent à reprendre Intercontinental ou Oceanic, sans garantie de l’État…

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