Abou Dhabi : le prince tortionnaire acquitté
Un prince arabe devant les juges de son pays ? La chose est suffisamment rare dans les pétromonarchies du Golfe pour être soulignée. Mais le jugement prononcé le 10 janvier par le tribunal d’Al-Aïn dans le procès de Cheikh Issa Ibn Zayed Al Nahyane, poursuivi pour actes de torture, a très vite dissipé l’espoir de voir la fin du règne de l’impunité. Rappel des faits.
Cheikh Issa, 40 ans, frère de Khalifa Ibn Zayed Al Nahyane, président de la Confédération des Émirats arabes unis, a été filmé en train de torturer un commerçant afghan coupable d’avoir égaré une marchandise d’une valeur de 5 000 dollars. La vidéo, diffusée le 22 avril 2009 par une chaîne de télévision américaine, montrait le prince frappant le malheureux Afghan avec un bâton clouté, puis mettant du sel sur ses plaies. Sur une autre séquence de la vidéo, on voit une automobile passant sur les jambes du supplicié.
Suspendu de toute fonction officielle, Cheikh Issa a été assigné à résidence dans l’attente de son procès, qui s’est ouvert à la fin de novembre 2009. Pour sa défense, le prince tortionnaire s’est défaussé sur les deux hommes filmés en sa compagnie lors de cette « séance punitive ». Son argument : « Ils m’avaient fait prendre des médicaments qui m’ont fait perdre tout discernement. » Le président du tribunal d’Al-Aïn l’a cru sur parole, déclarant que « Cheikh Issa ne peut être tenu pour responsable de ses actes ». Le prince acquitté devra néanmoins verser à sa victime 10 000 dirhams, soit moins de 1 800 euros, de « dommages et intérêts »…
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