CAN 2010 : amateurisme de la CAF
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Christophe Boisbouvier
Christophe Boisbouvier est journaliste à RFI et collaborateur de Jeune Afrique.
Publié le 21 janvier 2010 Lecture : 2 minutes.
Le jour du match d’ouverture, le 10 janvier à Luanda, la minute de silence en l’honneur des deux victimes togolaises a duré… dix-huit secondes. Les Togolais ont compté. Dix-huit malheureuses secondes. Voilà ce que valent les vies de l’entraîneur adjoint, Abalo Amelete, et du chargé de presse de l’équipe, Stanislas Ocloo, fauchés par les balles assassines des indépendantistes du Flec sur une route cabindaise.
Beaucoup regrettent que la CAF n’ait pas décalé les premiers matchs des Éperviers du Togo – ce qui leur aurait permis d’aller enterrer leurs morts et de revenir dans le tournoi. Évidemment, un tel geste aurait été élégant. Mais c’était trop demander aux rentiers du ballon rond. « Trois mois à l’avance, on a fait le calendrier. Les satellites sont réservés, tout est réservé », reconnaît le président de la CAF (Confédération africaine de football), le Camerounais Issa Hayatou, dans un entretien avec Eurosport. Derrière les satellites, il y a bien sûr les « droits télé », les fameux droits de retransmission dont les tarifs explosent. Hausse de 58 % en deux ans pour la télévision malienne. La CAN, c’est la poule aux œufs d’or. Pas touche !
« Le risque d’attaques terroristes, on le connaissait »
Le plus incroyable, c’est l’amateurisme de ceux qui ont programmé sept matchs au Cabinda alors qu’ils avaient reçu des menaces de la part des séparatistes. Issa Hayatou se défausse sur les Éperviers : « Le gouverneur [de Cabinda] nous a dit qu’il aurait prévenu les Togolais de ne pas venir par la route. Eux, ils ont dit qu’ils allaient venir par la route. C’est leur choix. » En clair, si les Togolais se sont fait mitrailler, c’est de leur faute. Mais pourquoi les Éperviers n’ont-ils pas été prévenus du danger qu’ils couraient ? Pourquoi ont-ils été accueillis puis escortés par des militaires angolais ?
« Le risque d’attaques terroristes, on le connaissait, martèle Danny Jordaan, du comité d’organisation de la Coupe du monde en Afrique du Sud. C’est la responsabilité du pays hôte de gérer ces questions. » C’est peut-être aussi celle d’Issa Hayatou. Car enfin, pourquoi jouer à Cabinda, sinon pour mettre la CAN au service d’une opération marketing du régime angolais ?
Retrouvez notre dossier spécial CAN dans Jeune Afrique n°2558 en kiosques du 17 au 23 janvier 2010.
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