Diaspora : loin des yeux, près du coeur

Michaëlle Jean, le 13 janvier © The Canadian Press

Michaëlle Jean, le 13 janvier © The Canadian Press

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Publié le 21 janvier 2010 Lecture : 2 minutes.

Haïti, année zéro
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Haïti, année zéro

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« J’ai quitté Haïti il y a quinze ans, mais j’y ai encore beaucoup d’amis et de la famille. À l’heure qu’il est, je ne sais toujours pas s’ils ont survécu au séisme », se désole Chantal, une cinquantenaire installée à Paris. Elle fait partie des deux millions d’Haïtiens qui vivent hors de leur pays et qui, dès l’annonce du drame, se sont mobilisés pour lui venir en aide. Depuis un siècle, Haïti connaît un exode massif. Dans les années 1930, poussés par la misère, les premiers émigrants quittent leurs campagnes pour Cuba ou la République dominicaine voisine. Recrutés comme main-d’œuvre dans les champs de canne à sucre, ils sont victimes d’une forte discrimination.

Bateaux de fortune

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Avec l’arrivée au pouvoir de François Duvalier, en 1957, le phénomène s’intensifie et ne tarit pas jusqu’en 2000. Le régime répressif, incarné par les tristement célèbres Tontons Macoutes, vide l’île de ses élites. Des dizaines de milliers de médecins, d’ingénieurs et d’intellectuels deviennent des réfugiés politiques. Selon le rapport 2007 de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), Haïti est le pays du monde qui a le plus souffert de la fuite des cerveaux depuis un siècle.

À partir des années 1990, l’exode n’est plus seulement lié à l’insécurité politique, mais aussi à l’aggravation de la pauvreté : 78 % de la population vit avec moins de 2 dollars par jour et une personne sur quatre est sous-alimentée. Les États-Unis voient alors déferler sur leurs côtes des centaines d’Haïtiens entassés sur des bateaux de fortune et adoptent une politique très répressive à leur égard. Avec près de 1 million d’Haïtiens sur leur sol, dont 600 000 rien qu’à New York et 350 000 dans l’État de Floride, ils n’en demeurent pas moins le premier pays d’accueil de la diaspora. Celle-ci est également très nombreuse en République dominicaine (500 000 personnes) et au Canada (75 000 à Montréal), où la gouverneure générale, Michaëlle Jean, est elle-même d’origine haïtienne. Le 13 janvier, cette dernière, bouleversée, a comparé le choc du séisme à celui d’une bombe atomique.

La France accueille, quant à elle, entre 45 000 et 90 000 Haïtiens, dont la moitié dans les départements et territoires d’outre-mer.

Loin des yeux mais près du cœur, la diaspora constitue une ressource très importante pour les habitants restés sur l’île. En 2008, le montant des transferts de fonds des migrants vers Haïti dépassait 1,8 milliard de dollars (1,25 milliard d’euros). Mais pour la chercheuse Bénédique Paul, « ces fonds servent surtout pour les dépenses courantes des ménages, comme la nourriture ou les soins médicaux, et ont très peu d’impact sur le développement de l’île ».

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