Les ratés de Copenhague
Ministre du Développement durable, de l’Économie forestière et de l’Environnement (Congo-Brazzaville)
C’est dans une ambiance de déception générale que la 15e Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique de Copenhague s’est achevée, le 18 décembre. Sommet pour rien et échec, ont dit les uns. Maigres résultats, selon les autres. La générosité des discours prononcés n’a contribué en rien au rapprochement des positions. L’accord juridiquement contraignant attendu par la planète entière est demeuré un rêve. La rigidité lors des négociations fut telle que la conférence est passée à côté de son but. Elle a accouché d’un accord politique aux allures de déclaration. Celle-ci n’a été négociée et adoptée in fine que par moins d’une trentaine de personnalités auto-désignées parmi les 120 dirigeants du monde présents. Dommage.
Les enjeux économiques mondiaux ont relégué au second plan les négociations sur le climat. De même que les actions à engager se sont heurtées aux exigences ou à la résistance de certains. On a vu les pays émergents insister sur leurs impératifs de croissance et de développement et refuser d’assumer la même responsabilité que les pays industrialisés.
Tout en acceptant des objectifs chiffrés, la Chine a refusé – pour des raisons de souveraineté – qu’un organe indépendant aille contrôler le niveau de ses émissions de gaz. Du coup, les États-Unis se sont opposés à tout auto-contrôle.
« L’accord de Copenhague » a été présenté en plénière pour information, sans possibilité de modification, sans engagements chiffrés de réduction des émissions de gaz à effet de serre de la part des pays industrialisés et des pays émergents, sans financements suffisants et prévisibles pour les pays en développement, sans consensus. Le chaos de la fin a poussé les organisateurs à demander aux pays participants de s’associer à l’accord politique, au cours de ce mois de janvier 2010, afin de confirmer les engagements financiers ou de bénéficier des retombées de cette déclaration.
Copenhague a malgré tout amené les pays industrialisés à une promesse d’aide financière aux pays en développement de l’ordre de 30 milliards de dollars durant les trois prochaines années. Avant qu’elle n’atteigne 100 milliards de dollars par an jusqu’en 2020. Mais les sources de ce financement, sa gouvernance et les procédures d’allocation des ressources sont encore mal connues.
Avant la prochaine conférence, en décembre, à Mexico, une réunion extraordinaire est prévue à Bonn, d’ici trois à six mois. Son but : poursuivre les négociations en vue d’un accord juridiquement contraignant. En attendant, les financements promis sont dérisoires par rapport aux besoins des pays pauvres. La seule Afrique a annuellement besoin de 500 milliards de dollars pour s’adapter au changement climatique. Il faut, en plus, 10 milliards de dollars pour une gestion durable des forêts tropicales.
Les pays en développement ont intérêt à rester solidaires, à résister à toutes les pressions. Si elle veut encore peser sur les négociations et tirer parti du nouvel accord, l’Afrique doit rester unie. L’accord recherché dépendra des deux plus grands pollueurs du monde : la Chine et les États-Unis.
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