Haïm Bittan, grand rabbin de Tunisie

Formé à l’école talmudique de Djerba, dont il devient le rabbin, Haïm Bittan, grand rabbin de Tunisie depuis 2004, affiche une cinquantaine sereine et décidée. Lors de la visite d’amitié du Comité juif américain, à Tunis, au début de décembre, il a été l’un des acteurs de nombreuses rencontres placées sous le signe de la tolérance et du respect.

Haïm Bittan visitant une école juive, le 6 mai 2007 à Djerba. © Hichem

Haïm Bittan visitant une école juive, le 6 mai 2007 à Djerba. © Hichem

Publié le 21 janvier 2010 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Quelle est la situation de la communauté juive aujourd’hui en Tunisie ?

Haïm Bittan : Si nous avons eu des craintes autrefois, nous sommes aujourd’hui totalement rassurés et nous nous sentons protégés. Sous Bourguiba, il y a eu des cafouillages. Nous avons redouté à certains moments les incidences de la situation au Moyen-Orient. Maintenant, les choses sont totalement différentes. Nous sommes des citoyens tunisiens à part entière et nous menons en tant que tels une existence normale, comme cela a toujours été le cas. Nous cohabitons sereinement avec des gens qui nous connaissent et que nous connaissons depuis toujours.

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Quelle est votre position sur la question palestinienne ?

Au début des problèmes à Gaza, nous étions inquiets, mais notre position est claire. Nous sommes en total accord avec le gouvernement tunisien, qui défend la légalité internationale. Cette identité de vue, due à notre citoyenneté, nous donne plus de sécurité ici qu’en Israël ou aux États-Unis. Notre liberté de culte est respectée et garantie, si bien que nous assistons, depuis 1987, à un retour des juifs d’origine tunisienne, non seulement pour investir ou pour faire le pèlerinage de la Ghriba, mais aussi pour célébrer Pâque, Soukkot ou des bar-mitsvah. D’ailleurs, de nombreuses infrastructures hôtelières à Djerba, Hammamet, Sousse ou Tunis deviennent casher pour la circonstance. La symbolique est très importante ; c’est dire aussi combien les juifs tunisiens reconnaissent en premier lieu leur lien avec la Tunisie et préfèrent célébrer des fêtes importantes dans un pays arabe plutôt qu’en Israël.

Qu’est-ce qu’être tunisien aujourd’hui quand on est issu d’une minorité ?

Nous évoluons tout à fait normalement dans la société. Nous exerçons des activités professionnelles diverses et ne subissons aucune ségrégation. Nos enfants vont à l’école publique, nos pratiques sont respectées et nous recevons même les vœux du président de la République à l’occasion des grandes fêtes. Historiquement, la Tunisie a toujours été une terre d’asile ; la Ghriba, la synagogue de Djerba, a plus de 2 500 ans. Le dialogue interreligieux est une réalité en Tunisie, et une coalition des religions monothéistes permet de mieux appréhender notre temps, notamment en direction des jeunes.

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