Museveni joue encore la carte gay
Le chef de l’État a bénéficié du soutien de lobbies américains dans sa croisade contre les homosexuels.
Le député ougandais David Bahati aura au moins réussi une chose : déclencher les foudres de la communauté internationale contre son pays. Il est à l’origine du projet de loi anti-gays visant à renforcer l’article 140 du code pénal, qui prévoit la prison à perpétuité pour les homosexuels. La nouvelle mouture comprenait notamment la peine de mort dans le cas d’une transmission du virus du sida, ou encore d’une relation avec un mineur. Mais aussi trois ans de prison pour tout témoin n’ayant pas signalé à la police dans les vingt-quatre heures un délit d’homosexualité.
Paul Semugoma, un médecin de Kampala qui soigne clandestinement les homosexuels, serait de ce fait, ainsi que « tout son entourage au courant de ses activités », susceptible de se retrouver derrière les barreaux. Face à la menace américaine de suspendre ses aides financières, le président ougandais, Yoweri Museveni, est sorti de son silence : il n’y aura pas de peine de mort. Seulement la prison à vie…
Le puissant lobby anti-gays composé de groupes chrétiens conservateurs peut compter sur des soutiens étrangers : une délégation de trois Américains est venue en mars à Kampala discourir sur le danger des comportements homosexuels devant des fonctionnaires ; des avocats américains ont participé à l’élaboration du projet de loi. L’un des « missionnaires », le Californien Scott Lively, auteur de nombreux ouvrages homophobes, s’en défend : « Je trouve que cette loi est beaucoup trop dure, a-t-il déclaré. J’ai seulement pressé les membres du Parlement de mettre en place des thérapies pour soigner les homosexuels. » Pour le docteur Paul Semugoma, « ces Américains sont venus soutenir un texte qui légalise l’assassinat d’une partie de la population ougandaise ». Ce débat sur la place – ou la supposée dangerosité – des homosexuels dans la société ougandaise est récurrent, mais trouve un écho particulier à l’approche de l’élection présidentielle en 2011. Pour Paul Semugoma, ce discours « attise la haine » d’une population déjà hostile.
Chaque fois que le chef de l’État fait face à une échéance politique, il remet sur le tapis la question homosexuelle, espérant probablement dévier le débat des questions essentielles.
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