Ils sont prêts. Les pieds dans les starting-blocks. La course haletante à la magistrature suprême verra pour la première fois alignés au départ tous les grands ténors de la vie politique ivoirienne.

Laurent Gbagbo part avec un avantage, ce vent arrière que lui confère son statut de président sortant et l’assise que lui procurent dix années passées au pouvoir. Il a l’appareil d’État et un talent de tribun incontestable que lui envient ses deux concurrents. Il a aussi un atout psychologique : fin 2009, les sondages le donnaient en tête. En revanche, il n’est pas certain que son parti, le Front populaire ivoirien (FPI), soit parvenu à élargir sa base traditionnelle au-delà de l’ouest du pays.

En face, le doyen. Henri Konan Bédié, ancien chef d’État, veut sa revanche. Il a deux cartes en main, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), qui fait en quelque sorte partie du patrimoine national, et sa rage de vaincre. Malgré son âge, 75 ans, l’humiliation du coup d’État de 1999 et les affres de l’exil, il n’a rien perdu de sa combativité. Sans attendre que le départ de la course soit donné, il a déjà fait plusieurs tours de stade, au risque, au moment de la campagne officielle, d’apparaître un peu usé.

Le troisième homme, Alassane Dramane Ouattara, est presque celui par qui tout est arrivé. L’acharnement des deux autres à ne pas le laisser concourir a contribué à plonger la Côte d’Ivoire dans la crise. Son heure est enfin arrivée : l’ancien Premier ministre va se confronter pour la première fois au suffrage universel et pouvoir ainsi compter ses partisans.

Jamais compétition n’aura été aussi passionnante. Mais le spectacle attendu tarde toujours. Il est « promis » pour le premier trimestre 2010…

    

Laurent Gbagbo (© V.Fournier pour JA) / Alassane Ouattara (©Jerrycom) / Henri Konan Bédié (© AFP)