Affaire Borrel : petite phrase, grands effets
Une confidence à Jeune Afrique de Michel Bonnecorse (le Monsieur Afrique de Jacques Chirac) en 2007, a été utilisée par le Conseil d’État pour donner raison à la veuve du juge Borrel, qui avait porté plainte contre lui pour « pressions sur la justice ».
![Elisabeth Borrel, devant le palais de Justice de Lille, en mai 2007 © AFP](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2010/02/04/004022010154845000000elisabeth-borrel.jpg)
Elisabeth Borrel, devant le palais de Justice de Lille, en mai 2007 © AFP
« Contrairement à ceux qui préjugent de l’assassinat de Bernard Borrel sur ordre des autorités djiboutiennes, je préjuge, moi, qu’il s’est suicidé. » Confiée à Jeune Afrique en avril 2007, cette petite phrase de celui qui était encore le Monsieur Afrique de Jacques Chirac, Michel de Bonnecorse – et qu’il a toujours assumée, chose rare dans ce milieu –, n’a pas fini de faire des vagues. Elle a déjà valu à son auteur une plainte de la veuve du magistrat (mort en octobre 1995), suivie de l’ouverture d’une information judiciaire à son encontre pour « pressions sur la justice », de deux perquisitions à son domicile et d’une visite des juges dans ses anciens bureaux à l’Élysée.
Le 28 décembre 2009, c’était au tour du Conseil d’État de dire le droit sur un aspect de cette affaire : il a donné raison à Élisabeth Borrel, qui réclamait que l’État français prenne en charge les frais de justice de sa plainte, annulant au passage une décision contraire prise un an auparavant par la garde des Sceaux Rachida Dati. Dans ses conclusions devant le Conseil, le commissaire du gouvernement Cyril Roger-Lacan s’est voulu explicite. Selon lui, il est « manifeste » qu’en livrant à J.A. le fond de sa pensée, Michel de Bonnecorse avait conscience d’exercer une pression, au risque d’« entraver » la coopération judiciaire franco-djiboutienne, alors que sa position « donnait un poids important à ses propos ». Précisons que cette décision du Conseil d’État ne préjuge en rien – c’est le cas de le dire – des suites d’une information judiciaire, à laquelle s’était (en vain) opposé le parquet de Paris.
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