Miss France, l’arnaque ?

Fawzia Zouria

Publié le 4 janvier 2010 Lecture : 3 minutes.

Les avis sont partagés quant à l’élection de Miss France qui a eu lieu au début de décembre. Y a-t-il eu arnaque ? Ceux qui ont voté pour Malika, et qui l’ont fait sur la foi de son prénom à consonance arabe, ont-ils été induits en erreur ? Car il a bien fallu se rendre à l’évidence : la belle élue n’a rien à voir avec les enfants d’immigrés. À l’adresse d’Ali Baddou, qui lui demandait sur Canal+ si elle se sentait fière en tant que beurette, elle a répliqué : « Je ne suis pas beurette. Je suis française. » Avec un tel nom ? « Mes parents aimaient bien Malika, qui veut dire reine. » À nous de nous débrouiller avec cette origine maghrébine qui n’en est pas une et d’adopter une famille française de souche qui s’est mise à la mode des prénoms orientaux. Certains de mes amis ne tarissent pas d’éloges sur l’ouverture d’esprit des parents de Malika, leur attachement à la signification du mot et pas forcément à celle des origines. D’autres, bien au contraire, crient à la méprise : pour eux, si Malika a été élue, c’est parce que le vote arabo-musulman de France s’est porté sur elle. Nombre de téléspectateurs n’ont en effet pas hésité – une fois n’est pas coutume – à épuiser leur forfait téléphonique. Pour une fois que l’élection mettait à l’honneur une demoiselle de la tribu et faisait le pari d’exhiber une fatma en bikini par ces temps de burqa et de minarets honnis…

Voilà un brouillage des repères qui n’est pas pour déplaire à ceux qui n’aiment rien tant que l’abolition des frontières et les camouflets infligés aux réflexes du clan. L’arnaque en question n’en est pas une, ou alors elle a eu lieu en toute bonne foi. Mais elle nous renseigne sur l’avenir de l’identité française, où l’on comptera un jour des Ali sans aucun lien avec le cousin du Prophète, ou des Nedjma (« étoile », en arabe) chères à des imaginaires romantiques auvergnats. Il y aura aussi des Dupont qui ne seront autres que des Mohamed rebaptisés. Après tout, les noms et prénoms importeraient-ils plus que ça ? Il arrive que certains Français de souche qui ont eu la mauvaise idée de naître bronzés soient recalés sur le marché de l’emploi. Comme il arrive, et c’est plus courant, que des Arabes au « sang impur », mais au prénom typiquement français, échouent tout aussi lamentablement.

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A preuve, cette histoire recueillie auprès d’une femme de harki, mère de six enfants, dont les aînés s’appellent Kamel et Rachid, les cadets François et Pierre, les tout derniers Omar et Djamila. À la question « Pourquoi tant de mélanges ? », la Franco-­Algérienne répond sans broncher : « J’ai donné des prénoms ­arabes aux deux aînés parce qu’ils sont nés en Algérie. Quand je suis arrivée en France, j’ai pensé que pour assurer l’intégration des suivants il était plus judicieux de les appeler avec des noms du pays ­d’accueil.

– Mais alors, pourquoi Mohamed et Malika pour les tout derniers ?

– Je me suis rendu compte que ça ne servait à rien de continuer à donner des prénoms chrétiens à mes enfants. François et Pierre n’ont pas eu plus de facilité à décrocher un boulot que leurs aînés. C’est comme ça que je suis revenue aux prénoms arabes. »

La question est donc posée pour Miss France : son prénom lui collera-t-il ou pas à la peau ? De la réponse dépendra l’avenir d’une Gauloise prénommée Malika.

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