Les yeux de Bamako

Publié le 31 décembre 2009 Lecture : 2 minutes.

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Il était une fois… les indépendances de 1960

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En 1960, le photographe le plus connu de la capitale du Mali s’appelle Seydou Keïta. Il a alors 39 ans et son studio, ouvert depuis un peu plus d’une dizaine d’années, accueille le Tout-Bamako. En couple, en famille, entre amis, les clients se pressent face à la chambre 13 x 18 (appareil photo à plaques) que le Malien utilise pour réaliser ses portraits, cadrés la plupart du temps en buste trois quarts ou en pied. Entre 1957 et 1967, Keïta a disposé dans le fond de son studio une tenture aux motifs d’arabesques devant laquelle il positionne lui-même ses sujets. Entre 1960 et 1964, il se sert d’une tenture grise : c’est seulement grâce à ces éléments de décors qu’il parviendra, plus tard, à dater ses quelque 3 000 clichés. Rigoureusement cadrées, ses photographies visent toujours à souligner l’élégance des personnes qu’il reçoit. Les vêtements, les chapeaux, les bijoux et les accessoires que les uns et les autres choisissent de porter témoignent avec calme et délicatesse d’une époque riche en bouleversements, où les habits traditionnels voisinent avec la mode occidentale.

Mais en 1960, un autre photographe malien commence à se faire un nom dans les quartiers de Bamako. Âgé de 24 ans, Malick Sidibé a fait des études de dessin et de bijouterie à l’École des artisans soudanais, puis il a appris la photographie avec le Français Gérard Guillat-Guignard dans le studio Photo Service. À l’heure de l’indépendance, Sidibé sillonne la ville à bicyclette, armé d’un appareil 24 x 36. Il se déplace de soirée en soirée, dans des fêtes qui se poursuivent parfois jusqu’à l’aube, et saisit sur le vif, au flash, les danseurs emportés par le twist, les rires et la joie d’une jeunesse euphorique et insouciante. À la fin des années 1970, il cessera cette activité de reportage pour se consacrer au travail en studio.

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Décédé en 2001, Seydou Keïta a donné son nom au prix remis tous les deux ans lors des Rencontres africaines de la photographie. Honoré par les plus grandes récompenses (Hasselblad en 2003, Lion d’or de la Biennale de Venise en 2007…), Malick Sidibé est aujourd’hui sollicité un peu partout dans le monde. Tous deux ont su saisir avec tendresse, chacun à sa manière, l’atmosphère de 1960.

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