RusAl toujours menacé

La junte au pouvoir poursuit son bras de fer avec le leader mondial de l’aluminium, dans le but de renégocier la vente en 2006 de la raffinerie d’alumine de Friguia au groupe russe et sa participation dans une société minière locale.

La raffinerie d’alumine de Friguia appartient encore au groupe RusAl © RusAl

La raffinerie d’alumine de Friguia appartient encore au groupe RusAl © RusAl

Publié le 18 janvier 2010 Lecture : 2 minutes.

Mines : l’année du rebond
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Le gouvernement guinéen continue à faire monter la pression dans le litige qui l’oppose à RusAl sur les conditions de privatisation en 2006 de la raffinerie d’alumine de Friguia et de la Compagnie des bauxites de Kindia (CBK), société minière locale, au profit du groupe russe. À l’époque, sous la présidence de Lansana Conté, l’autorité guinéenne avait vendu au géant de l’aluminium le complexe de bauxite-alumine de Friguia et la CBK, la société qui le gérait, pour environ 20 millions de dollars. Or la junte, au pouvoir depuis la fin de 2008, a remis cette vente en question en avril dernier, estimant le montant sous-évalué par rapport à la valeur réelle des actifs. Depuis, elle a engagé un bras de fer avec RusAl en faisant notamment annuler la transaction en septembre par un tribunal, pour exiger ainsi la restitution du site à l’État. Cette décision n’a pas été appliquée par le groupe russe, qui s’est pourvu en appel. Mais les autorités du pays reviennent aujourd’hui à la charge. Le gouvernement vient de créer en novembre dernier un holding public, SBK-Friguia, dont les nouveaux dirigeants, Soriba Cissé, directeur général, et Mamadou Daye Diallo, directeur général adjoint, sont officiellement entrés en fonctions le 1er décembre. Avec des objectifs clairs.

Finaliser les négociations engagées

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SBK-Friguia « devra veiller à assainir les rapports entre l’État et les sociétés CBK et RusAl, gestionnaires de la raffinerie de Friguia, afin de repartir sur de nouvelles bases, plus solides et plus rassurantes pour l’État et les partenaires », selon Mamadou Daye Diallo. « En conséquence, SBK-Friguia poursuivra et finalisera dans les meilleurs délais les négociations engagées avec RusAl sur les questions de la convention de vente de la CBK et sur celles qui sont au cœur du dossier Friguia », a-t-il ajouté.

« Il est vrai que la nature et la situation des accords ayant fondé la présence de RusAl au sein de la CBK et de Friguia font l’objet de vives critiques, qui sont justifiées », a enchéri Soriba Cissé. Autrement dit, le pouvoir guinéen, à ­travers la SBK-Friguia, continue de faire pression sur RusAl pour le faire plier sur la révision de la privatisation du ­complexe de Friguia. Mais sans succès pour l’instant : depuis trois mois, aucune tentative de négociation entre les deux parties n’a abouti. La junte a notamment tenté d’obtenir des compensations en réclamant 238 millions de dollars supplémentaires sur le prix de la vente et 750 millions de dollars d’impôts et de royalties impayés, soit près de 1 milliard de dollars. Face à un tel montant, RusAl a tenu bon, consi­dérant que « la légitimité de la privatisation devrait être examinée par une commission gouvernementale ­constituée d’experts internationaux et de représentants de la compagnie », selon Pavel Ovchinnikov, directeur de la division alumine, confiant dans un règlement rapide du conflit. En attendant, le complexe de Friguia, pour lequel RusAl a investi quelque 300 ­millions de dollars, continue d’extraire de la bauxite et de produire de l’alumine à hauteur de 52 000 tonnes par mois. 

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