Métaux : fièvre de l’or !
L’envolée du cours du métal précieux, qui atteint des niveaux historiques, pousse les compagnies aurifères à multiplier leurs investissements sur le continent.
Mines : l’année du rebond
L’once à 1 226,50 dollars, du jamais vu ! Le 3 décembre dernier, le cours de l’or atteignait ainsi son record historique. Au total, le prix du métal jaune aura augmenté de 32 % en 2009 ! Le minerai, dont le prix s’était déjà envolé entre 2002 et 2008, a été pris d’une véritable frénésie. Son cours frôlait les 1 200 dollars l’once en novembre, alors qu’il se situait au-dessous des 1 000 dollars trois mois plus tôt. Sous l’action d’achats massifs opérés par la Chine, qui souhaite multiplier par dix ses réserves en or, puis par l’Inde, l’envolée s’est accélérée. Et en dépit d’un léger repli, à 1 100 dollars l’once à la mi-décembre, lié à un regain de vigueur du dollar, le métal précieux devrait continuer à côtoyer des sommets.
« Nous constatons toujours une forte demande sur le marché physique et croyons également que l’attention renouvelée portée au risque de crédit, combinée à une liquidité abondante, devrait maintenir la demande d’or à un niveau élevé », explique Walter de Wet, analyste de Standard Bank. « Les facteurs en faveur de l’investissement dans l’or sont de plus en plus nets. Ils se traduisent par des achats importants des banques centrales et par un changement structurel qui fait de l’or un placement grand public. Le métal jaune pourrait atteindre 1 300 dollars l’once à court terme », souligne de son côté Daniel Smith, analyste de la banque britannique Standard Chartered. D’autres facteurs tels que la crise économique, le détournement des investisseurs des classes d’actifs les plus risquées et le retour d’une abondance de liquidités sur les marchés militent en faveur d’un cours élevé. « Cependant, la tendance haussière devrait être limitée par une demande faible en matière de joaillerie et par l’augmentation de la production de débris d’or à mesure que les cours atteindront de nouveaux records… », tempère Daniel Smith.
Nouveaux pays aurifères
En attendant, les grandes compagnies aurifères profitent de cette marche triomphale du métal précieux pour doper leurs investissements sur le sol africain. Le groupe aurifère britannique Randgold est notamment en pleine effervescence. En quelques semaines, il a acquis, conjointement avec AngloGold Ashanti, 90 % de la mine de Kibali, en RD Congo, l’un des principaux gisements aurifères africains à développer. Au Mali, où certaines de ses mines commençaient à atteindre leur fin de vie, le groupe a relancé la machine sur son site près de Loulo. En Côte d’Ivoire, Randgold devrait réaliser ses premières extractions dès l’année prochaine, à Tongon.
À l’image du groupe britannique, d’autres compagnies s’activent dans de nouveaux pays aurifères. C’est le cas du Sénégal, qui a rejoint la liste des pays producteurs. L’australien Mineral Deposits a extrait de la mine de Sabodala le premier lingot du pays. En six mois d’activité, 100 000 autres s’y sont ajoutés. De son côté, le géant canadien Newmont Mining, déjà actif au Ghana, prospecte dans ce pays à Akyem. Également présent au Ghana, Volta Resources mène surtout le projet Kiaka Gold au Burkina. Dans ce pays, Iamgold, en reprenant en début d’année Orezone, devrait permettre au projet Essakane d’entrer en production à la fin de 2010. Les australiens Adamus Resources et Perseus Mining sont quant à eux très avancés, respectivement au Ghana et en Côte d’Ivoire (site de Tengrela).
Mais, malgré les bonnes nouvelles, certaines compagnies plus fragiles ont connu de lourds problèmes de financement. Si les compagnies juniors australiennes et canadiennes sont parvenues tant bien que mal à financer leurs projets au Ghana, comme Perseus Mining, qui a levé en deux fois près de 85 millions d’euros, essentiellement pour financer son projet d’Ayanfuri, ou bien Adamus pour le Southern Ashanti Gold Project, d’autres font la grimace. Central African Gold, majoritairement détenu par l’investisseur Emerging Capital Partners (ECP), est passé en début d’année au bord de la faillite. Pour s’en sortir, la compagnie a dû abandonner son actif le plus important, au Ghana, au profit de son principal créancier, Investec Bank…
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