Macase, un bantou groove mature

Sept membres il y a treize ans, cinq aujourd’hui. Mais une soul et une âme intactes. Le groupe n’a rien perdu de son aura ni de sa capacité à faire rayonner le son et l’image du pays. Son nouvel album, Fly Away, sort en janvier.

De gauche à droite : Ruben, Roger, Corry, Roddy et Serge © Diego Ravier

De gauche à droite : Ruben, Roger, Corry, Roddy et Serge © Diego Ravier

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Publié le 18 janvier 2010 Lecture : 2 minutes.

Cameroun, les défis de la croissance
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Son visage n’a pas pris une ride. Sa voix non plus. Depuis que Corry et les garçons de Macase courent de spectacles en festivals, on les imaginait plus vieux. C’est oublier qu’à sa formation, en 1996, on avait de la peine à prendre au sérieux les sept adolescents tout droit sortis du collège qui lançaient leur groupe, même si, déjà, ils laissaient entrevoir un sérieux potentiel. Derrière Corry Denguemo, la chanteuse, Ruben Binam (clavier), Serge Maboma (bassiste), Roger Minka (guitariste), Roddy Ekoa (batteur), Paul Henri Okala (chanteur) et Blick Bassy (chanteur et guitariste). Ils chantent notamment en bulu, en bassa, en ewondo, en eton, des langues nationales parlées du centre au sud du pays, et même en sango centrafricain. Leur musique, ils la ­puisent au fond du patrimoine bantou, avec une philosophie : le retour aux ­sources et l’ouverture sur le monde. « Nous essayons de réconcilier le jazz et le blues avec leurs racines africaines », explique Ruben Binam, désormais leader du groupe. Ils revendiquent des influences éclectiques, de Manu Dibango à Malavoi, en passant par Youssou N’Dour et Bob Marley & The Wailers.

Départs à la chaîne

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Ils rencontrent le chanteur et producteur Sam ­Mbende, qui se laisse tenter par un projet d’album. Etam est enregistré en 1998 et sort en juin 1999. C’est un succès. Le groupe commence à faire les premières parties d’artistes de passage à Yaoundé et monte progressivement en grade. En juin 2001, il rafle le prix RFI-Musiques du monde et n’arrête plus de voyager : un passage remarqué au Masa d’Abidjan, des salves d’applaudissement à la Fête des cultures, à Libreville, une ovation au Festival Jazz à Ouaga. En 2002, c’est la consécration, à Paris, lors d’un concert mémorable au New Morning avec Manu Dibango, qui les embarque ensuite dans sa tournée au Canada. En 2003 et 2004, c’est la folie, avec une tournée de près de cent cinquante dates à travers le monde. Les petits jeunes de Yaoundé goûtent aux ­scènes de Belgique, de Suisse, d’Italie, ­d’Afrique du Sud…

Le parcours de Macase n’a pas pour autant été sans accrocs. Le chanteur Paul Henri Okala quitte le groupe pour une carrière solo. Plus tard, c’est au tour du guitariste Blick Bassy, l’un des piliers de la bande. « Nous vivons ces départs comme la suite logique de leurs carrières, soupire Ruben Binam. C’est un processus d’épanouissement personnel. Nous n’y pouvons rien. » 

La scène avant tout

En ce moment, le groupe est en ­pleine promotion de son nouvel album, Fly Away, dont la sortie est prévue en janvier 2010. Pour se prémunir du piratage, ils ont choisi un label militant, Culture Mboa – « Avec eux, nous sommes sûrs que les disques ne seront pas illégalement dupliqués », explique Ruben Binam – et envisagent de placer Fly Away sur les plates-formes de téléchargement pour toucher la diaspora et les amateurs de bantou groove du monde entier.

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De toute façon, bien plus que sur les ventes d’albums, le marché camerounais étant gangrené par le piratage, Macase compte sur la scène pour vivre de son bantou groove. Parmi ses dernières rencontres avec le public : le Ya-Fe (le festival Yaoundé en fête), où les cinq membres de Macase ont assuré le concert spécial du réveillon de Noël. Ne résistant décidément jamais à la tentation de communier avec leurs fans.

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