Roumanie : il y a vingt ans, Ceausescu…

La mise à mort du dictateur, le 25 décembre 1989, donna des sueurs froides à nombre de ses collègues africains.

Elena et Nicolae Ceausescu au cours de leur procès © Sipa

Elena et Nicolae Ceausescu au cours de leur procès © Sipa

ProfilAuteur_JeanMichelAubriet

Publié le 4 janvier 2010 Lecture : 2 minutes.

Il se faisait appeler, au choix, le « Conducator » (« guide »), le « Génie des Carpates » ou le « Danube de la pensée », mais n’était qu’un dictateur mégalomane, paranoïaque et stalinien de la pire espèce. Nommé à la tête du Parti communiste en 1965, il avait transformé son pays, la Roumanie, en un vaste goulag gardé par les cinquante mille hommes de la Securitate, la police politique du régime ; provoqué de terribles pénuries, alimentaires notamment, par une politique économique ubuesque ; et rasé une partie du centre historique de Bucarest pour y construire son Palais du peuple.

Longtemps, Nicolae Ceausescu avait bénéficié de l’indulgence de l’Occident, son nationalisme ombrageux l’ayant amené à prendre ses distances avec Moscou et, en 1968, à condamner l’intervention des chars soviétiques à Prague. Mais en 1971, une visite en Chine, en pleine Révolution culturelle, puis une autre dans la Corée du Nord du dictateur Kim Il-sung convainquirent le « camarade » roumain de la nécessité de forger à son tour un « homme nouveau »…

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Le régime Ceausescu ne résistera que quelques semaines à la chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989. Quatre jours après la sanglante répression d’une manifestation à Timi­soara, le 17 décembre, la révolte gagne Bucarest. Flanqué d’Elena, son épouse, le dictateur tente de fuir en hélicoptère, mais est rapidement arrêté. Le jour de Noël, après un procès expéditif, le couple est condamné à mort et exécuté quelques heures plus tard. Les images des corps criblés de balles des époux Ceausescu font le tour du monde…

… et ne passent pas inaperçues en Afrique, où un certain nombre de dictateurs prennent soudain conscience de la fragilité des choses humaines. Le Zaïrois Mobutu Sese Seko, par exemple, prend peur. Anticommuniste notoire, il entretenait pourtant d’excellentes relations avec le Conducator, qu’il s’apprêtait à recevoir en visite officielle. Il avait même prévu de confier aux Roumains la construction d’un métro à Kinshasa… Très vite, le Léopard tire les leçons de la chute tragique de son « ami » et, dès le mois d’avril 1990, instaure le multipartisme. Il n’y gagnera qu’un sursis de sept ans.

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