Des marchandises sur les étagères, des clients, et même des guirlandes… pour la première fois depuis longtemps, il y avait, fin décembre, une atmosphère de fête au Zimbabwe. La fièvre consumériste a même eu pour conséquence une pénurie d’argent liquide, qui est venue gâcher un peu l’ambiance.

Même si la vie quotidienne reste difficile, les Zimbab­wéens reprennent espoir. Selon une enquête de l’ONG américaine Freedom House, les trois quarts d’entre eux estiment que la situation s’est améliorée depuis 2008. Un chiffre résume cette embellie : celui de l’inflation. Elle ne devrait pas dépasser 4 % en 2009, contre (officiellement)… 231 millions pour cent il y a tout juste un an ! Certains experts avançaient même, à l’époque, un montant quasi imprononçable, en « sextillions » (soit, selon le système américain, un chiffre suivi de 21 zéros).

L’adoption du dollar a aidé à stabiliser l’économie du pays, qui reste cependant extrêmement fragile. Cela n’empêche pas l’optimisme. Toujours selon la même enquête, les deux tiers des Zimbabwéens pensent que leurs conditions de vie vont encore s’améliorer en 2010.

Le sondage n’est en revanche pas de bon augure pour le président Mugabe, dont le parti, la Zanu-PF, ne totaliserait pas plus de 12 % des voix en cas d’élection, contre 55 % pour le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) de Morgan Tsvangirai.

Réélu triomphalement à la tête de la Zanu-PF, le 12 décembre dernier, Robert Mugabe continue de s’accrocher au pouvoir avec la même détermination. Il débat âprement chaque décision avec Tsvangirai, son Premier ministre de « cohabitation », freinant du mieux qu’il le peut ses réformes, notamment celles qui ont trait aux libertés publiques. À 85 ans, il ne semble toujours pas près de vouloir passer la main.