Néfertiti, reine d’Égypte toujours aussi désirée

Le buste de la célèbre Néfertiti, épouse du grand pharaon Akhenaton, fait l’objet d’un bras de fer entre le Neues Museum de Berlin et l’égyptien Zahi Hawass, qui s’est lancé dans une grande croisade pour faire revenir les joyaux de la civilisation égyptienne sur les bords du Nil.

Le buste de Néfertiti est exposé au Neues Museum de Berlin © Fabrizio Bensch/Reuters

Le buste de Néfertiti est exposé au Neues Museum de Berlin © Fabrizio Bensch/Reuters

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Publié le 8 janvier 2010 Lecture : 3 minutes.

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Ces femmes qui ont marqué l’histoire de l’Afrique

Peu représentées dans les livres d’histoire, les femmes ont toujours occupé des places primordiales dans les structures de pouvoir de leurs pays et dans les luttes pour l’émancipation de leurs peuples. Panafricanistes, féministes ou anticolonialistes, reines ou héroïnes, elles sont nombreuses à défier les clichés encore à l’oeuvre sur la « femme africaine », ou la femme tout court… Galerie de portraits non exhaustive.

Sommaire

Près de trente-quatre siècles après sa mort, la reine Néfertiti reste l’une des femmes les plus désirées d’Égypte. Son buste, un chef-d’œuvre de l’art ancien égyptien exposé au Neues Museum de Berlin, est ardemment réclamé depuis les années 1930 par Le Caire. En vain. Mais Zahi Hawass, le président haut en couleur du Conseil suprême des antiquités (CSA), pourrait bien réussir à rapatrier la célèbre statue. Le 20 décembre, après un entretien avec Friederike Seyfried, directrice de la collection égyptienne du Neues Museum, il a annoncé qu’il allait officiellement demander la restitution du buste au musée et « convoquer une réunion extraordinaire pour étudier les procédures à suivre » dans ce sens.

Hawass se dit en possession d’éléments nouveaux attestant que la statue est arrivée en Allemagne de manière illégale. Découvert en 1912 à Tell el-Armana, en moyenne Égypte, par l’archéologue allemand Ludwig Borchardt, le buste aurait été transporté recouvert de glaise pour passer inaperçu. Selon Hawass, Borchardt aurait à l’époque fait passer le buste pour un vulgaire plâtre représentant une princesse royale. « Cela confirme, estime-t-il, nos informations selon lesquelles la statue a quitté l’Égypte de manière illicite et qu’il y a eu fraude et tromperie de la part de l’Allemagne à cette époque. » De son côté, Berlin soutient que l’acquisition du buste, en 1913, s’est déroulée en toute légalité et attire l’attention sur le fait qu’il est risqué de déplacer une statue aussi fragile.

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5000 oeuvres déjà récupérées

Depuis son arrivée à la tête du CSA, en 2002, l’archéologue Zahi Hawass s’est lancé dans une véritable croisade pour récupérer les trésors de l’Antiquité que les grands musées du monde ont acquis à la faveur de la colonisation et des pillages. Sur son site Internet, il se targue d’en avoir déjà rapatrié pas moins de cinq mille. En octobre 2009, il a gagné le bras de fer qui l’opposait depuis des années au musée du Louvre, récupérant cinq fragments de peinture murale datant de 1550 av. J.-C. Hawass est bien décidé à exposer dans le nouveau musée du Caire, dont l’ouverture est prévue en 2011, de grandes œuvres de l’Antiquité comme la pierre de Rosette, actuellement en Angleterre, ou un célèbre masque de momie vieux de trois mille deux cents ans et « retenu » aux États-Unis.

Mais le buste de Néfertiti est un cas à part. Cette statue, qui est au Neues Museum ce que La Joconde est au Louvre, est une œuvre qui fascine pour sa beauté et son réalisme. Buste polychrome en grès, il serait l’œuvre du grand maître sculpteur Thoutmès et aurait d’ailleurs été découvert dans son atelier. Thoutmès l’aurait taillé alors que la reine avait 25 ans, immortalisant ainsi l’un des personnages phares de l’Égypte ancienne.

Une femme noire

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Célèbre pour sa légendaire beauté, celle dont le nom signifie « la belle est venue » serait née vers 1370 av. J.-C. Ses origines restent l’objet de controverses entre égyptologues. Mais une reconstitution faciale numérique effectuée par des chercheurs britanniques a permis de déterminer que Néfertiti était vraisemblablement une femme noire, issue de l’actuel Soudan. « Grande épouse royale » du pharaon Akhenaton à l’âge de 17 ans, Néfertiti aurait joué un rôle politique majeur. Sur les parois du temple d’Aton, à Karnak, les archéologues ont découvert avec surprise que les représentations de Néfertiti étaient plus nombreuses que celles de son pharaon de mari. L’une d’elles la dépeint même – situation exceptionnelle – en train de massacrer des ennemis, dans une iconographie généralement réservée au souverain.

People avant l’heure, l’épouse royale met habilement en scène sa vie amoureuse et familiale, comme le révèlent les nombreuses fresques qui la montrent dans son univers intime, accompagnée de ses six filles. Reine, femme et mère, cette lady Di de l’Antiquité aurait été frappée de disgrâce après une passion de douze ans avec Akhenaton, avant de mourir à 35 ans dans des circonstances troubles.

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Mais Néfertiti est surtout célèbre pour avoir été à l’origine d’une révolution religieuse qui marqua son temps. Adoratrice d’Aton, un dieu représenté sous la forme d’un disque solaire, elle convainc son mari d’en faire l’unique divinité. Pour l’égyptologue britannique Cyril Aldred, « elle sema ainsi le grain d’orge d’où germeront les grandes ­religions de Moïse et de Jésus ».

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