L’armée est aux affaires

Le président de la transition Andry Rajoelina a nommé un militaire, le colonel Camille Albert Vital, comme Premier ministre. Un choix qui confirme le rôle toujours central que joue l’armée sur la Grande Île.

Le colonel Camille Albert Vital a été nommé premier ministre le 20 décembre © L’express de Madagascar

Le colonel Camille Albert Vital a été nommé premier ministre le 20 décembre © L’express de Madagascar

Publié le 6 janvier 2010 Lecture : 2 minutes.

Un militaire à la tête du gouvernement de transition… La rumeur enflait, elle s’est concrétisée le 20 décembre, lorsque Andry Rajoelina a nommé un haut gradé à la primature. Camille Albert Vital, un colonel de 57 ans qui fut un adversaire de Marc Ravalomanana, succède à l’éphémère Cécile Manorohanta, parachutée à ce même poste… quarante-huit heures plus tôt, après le limogeage d’Eugène Mangalaza. Le « Premier ministre de consensus » aura connu le même sort que les accords de Maputo et d’Addis-Abeba, jugés « caducs » par le président de la transition.

Si Monja Roindefo, le premier Premier ministre de la transition, qualifie ce carambolage de nominations de « bricolage », le choix d’un militaire est loin d’être irréfléchi. Depuis plusieurs semaines, l’entourage de Rajoelina y pensait. C’est d’ailleurs le président qui a consulté l’armée pour qu’elle lui propose un nom, et non l’armée qui s’est imposée. « Cette décision a été prise d’un commun accord », assure Annick Rajaona, la porte-parole de la présidence.

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Choisi par ses frères d’armes, Vital aura pour mission d’assurer l’ordre, d’organiser les élections législatives prévues pour le 20 mars… et d’apaiser les dissensions internes. Selon un membre de la Haute Autorité de la transition (HAT), l’objectif ne consiste pas seulement à « lancer un message aux autres mouvances », mais aussi et surtout à « rassembler la famille militaire » autour du président, pour le préserver d’un putsch.

Réunions secrètes

Alors que les mouvances politiques sont incapables de s’entendre, une prise du pouvoir de l’armée n’est en effet pas à exclure. « L’armée est à l’affût, indique une source proche des gradés. Certes, elle veut à tout prix éviter de prendre le pouvoir. Mais elle trouve inacceptable d’évoluer dans un cadre non défini, comme c’est le cas aujourd’hui. » C’est justement l’anarchie institutionnelle qui avait poussé les gradés à provoquer la chute de Marc Ravalomanana, en mars dernier.

L’enjeu est de taille : Roindefo, qui compte des fidèles parmi les hommes en kaki, confirme que « l’armée a besoin d’un cadre institutionnel pour assurer son unité ». Si elle intervient, ce sera autant pour éviter le chaos dans le pays que pour se préserver de toute dissidence. Noël Rakotonandrasana, le ministre des Forces armées, a beau jurer que les troupes ne connaissent « aucune division », les tensions y sont de plus en plus palpables. Le 15 décembre, huit officiers (dont certains n’en étaient pas à leur première sortie) ont tenu une conférence de presse au cours de laquelle ils ont demandé la levée de l’interdiction d’entrer sur le territoire qui frappait alors les délégués des trois mouvances partis à Maputo. Ces derniers mois, d’autres officiers ont passé outre leur devoir de réserve. On évoque aussi la tenue de réunions secrètes de militaires partisans de Ravalomanana. « La majorité des officiers n’a pas de préférence – ou du moins ne l’exprime pas. Mais une minorité a pris parti, soit pour Rajoelina soit pour l’opposition », indique une source militaire. Reste à savoir jusqu’où ils sont capables d’aller.

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