« BEACGATE » : dernières nouvelles du front
Le Gabonais Jean-Pierre Oyiba, ancien directeur de cabinet du président Ali Bongo Ondimba, se déclare « blanchi » des soupçons de fraude qui pesaient sur lui. Quant à Armand Brice Ndzamba, principal responsable du réseau de détournement révélé par Jeune Afrique, il reste derrière les barreaux à Libreville. Et avoue sa part de responsabilité.
Jean-Pierre Oyiba, l’ancien directeur de cabinet du président gabonais Ali Bongo Ondimba, démissionnaire le 9 novembre après que son nom a été cité dans le scandale du BEP, le bureau parisien de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), contre-attaque. Entendu comme témoin, les 20 et 25 novembre, par la brigade des fraudes, à Paris, il a fait diffuser une lettre – au demeurant fort prudente – du procureur Jean-Claude Marin confirmant ces auditions, pour en conclure qu’il était « blanchi ».
Aucune plainte contre Oyiba
Il ne pouvait, en réalité, en être autrement, puisque nul n’a jamais accusé Oyiba d’être membre du réseau responsable des détournements massifs sur lesquels porte l’enquête de la brigade des fraudes, et qu’il ne fait l’objet d’aucune plainte dans le cadre de cette affaire. Le problème, en ce qui le concerne, porte sur les quatre chèques présumés frauduleux émanant du BEP et libellés à son nom (montant total : près de 100 000 euros) dont la Société générale a remis des copies au comité d’audit de la Beac (à noter qu’Oyiba possède plusieurs comptes à l’agence des Champs-Élysées de la Société générale, là où les avoirs du BEP étaient domiciliés jusqu’en décembre 2007).
Selon son avocat, Oyiba n’aurait « jamais eu connaissance » de ces chèques. Son client aurait été abusé par le comptable du BEP, Armand Brice Ndzamba, qui lui aurait fait croire qu’il était « un homme d’affaires sérieux » – tout en étant, ce qui était manifestement contradictoire, un agent de la Beac.
Ndzamba avour sa culpabilité
Principal responsable du réseau mafieux, Ndzamba a par ailleurs écrit du fond de sa cellule de la maison d’arrêt de Libreville au président Bongo Ondimba une lettre datée du 9 décembre dans laquelle il reconnaît sa part de culpabilité, tout en précisant que le réseau existait avant son recrutement, en 1992. Il n’avait, ajoute-t-il, « aucun pouvoir pour mettre un terme à cette pratique déjà bien ancrée dans les mœurs des premiers responsables de la Beac ».
Tout en exonérant l’ancien directeur de cabinet de toute participation dans les détournements, l’ex-comptable du BEP rappelle au chef de l’État qu’il l’a rencontré il y a quelques années, à Paris, « en compagnie de Jean-Pierre ». « Au cours de notre échange, rappelle-t-il, je vous ai dit que je faisais des affaires pour lesquelles j’avais le soutien de mon frère aîné, Jean-Pierre Oyiba. » Lequel, apparemment, n’a pas tenu compte du fait que les statuts de la Beac interdisent formellement à ses agents de… faire des affaires.
Quel successeur pour Andzambé?
Enfin, à trois semaines du sommet des chefs d’État de la Cemac, prévu à la mi-janvier à Bangui, le nom du successeur de Philibert Andzembé au poste de gouverneur de la Beac n’est pas encore connu avec certitude. Présentée par Ali Bongo Ondimba, la candidature du Gabonais Alexandre Barro Chambrier n’a toujours pas été avalisée par les présidents Biya et Obiang Nguema, au point que Libreville pourrait sortir un autre atout de sa manche : Henri-Claude Oyima, le patron de la banque BGFI.
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