Air France-KLM, un leadership contesté

Lufthansa, British Airways, Emirates Airlines et des compagnies africaines étendent leurs réseauau détriment du groupe franco-néerlandais.

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© Vincent Fournier pour JA

Publié le 22 décembre 2009 Lecture : 3 minutes.

Jamais le ciel africain n’a suscité autant de convoitises. L’un des rares espaces aériens à bien résister à la crise, mais aussi celui qui offre les perspectives de croissance les plus intéressantes au cours des prochaines années (6 % par an, contre 3,6 % pour l’Europe et 2,7 % pour les États-Unis), est devenu le théâtre d’une concurrence féroce entre les grandes compagnies occidentales. Des transporteurs qui usent de toutes les stratégies pour gagner des parts de marché à l’international, notamment en Afrique.

Après avoir régné dans le ciel du continent, le groupe franco-néerlandais Air France-KLM doit faire face à la montée en puissance de ses rivaux allemands, britanniques ou encore américains. Mi-novembre, Deutsche Lufthansa AG, qui regroupe en son sein Lufthansa, Brussels Airlines et Swiss Air, a annoncé son renforcement en Afrique, précisément en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, grâce à une synergie plus accrue entre ses trois compagnies. C’est cette ambition qui a d’ailleurs motivé son acquisition, l’été dernier, de la compagnie belge Brussels Airlines, pour quelque 250 millions de dollars. Au total, le groupe allemand est désormais opérationnel sur une trentaine de destinations en Afrique, soit autant qu’Air France-KLM. Si ce dernier dispose d’une longueur d’avance en termes de fréquences, Lufthansa devrait rattraper ce retard dès l’an prochain. L’Allemand envisage même de proposer des vols vers l’Afrique au départ de Paris, en passant par Francfort, Zurich ou Bruxelles. « Nous voulons offrir à nos passagers au départ de la France un réseau africain proposant encore plus de choix et de flexibilité », affirme Nicolas Sutter, porte-parole de Lufthansa.

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Fusion avec Iberia

Outre le groupe allemand, British Airways, déjà présent sur une ­vingtaine de destinations en Afrique, vient de conclure avec l’espagnol Iberia (sept destinations africaines) un accord de fusion dans lequel le britannique est majoritaire à hauteur de 55 %. Cette alliance, qui donne naissance au ­troisième plus grand transporteur européen en nombre de passagers, comptera elle aussi parmi les ténors qui opéreront dans le ciel africain.

De quoi inquiéter Air France-KLM, qui tire un peu plus de 14 % de son ­chiffre d’affaires en Afrique. « Bien sûr que nous pouvons craindre de ­perdre des parts de marché avec tous ces rapprochements. Mais nous comptons les préserver et même les améliorer », explique Étienne Rachou, le directeur général Afrique et Moyen-Orient du groupe franco-néerlandais. Mais la tâche sera très ardue. D’autant plus qu’Air France-KLM devrait également défendre son leadership face aux compagnies venant du Moyen-Orient, notamment Emirates Airlines, qui se développe aussi sur le continent. Elle a ouvert en octobre, en plus de ses liaisons avec la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Nigeria, une desserte de Luanda (Angola) et a signé en ­novembre un accord de partenariat stratégique, technique et commercial avec Sénégal Airlines, la nouvelle compagnie qui doit démarrer ses activités en 2010.

Reconquérir les clients

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Et ce n’est pas tout, complète Étienne Rachou, « les transporteurs africains comme Royal Air Maroc, Ethiopian Airlines, Kenya Airways, Afriqiyah… sont de plus en plus agressifs sur les liaisons Nord-Sud, qu’ils proposent au départ de Paris via leurs hubs respectifs ».

Face à cette concurrence sans cesse grandissante, le groupe mise notamment sur son ancienneté et sa « bonne connaissance » du marché. « C’est le produit, affirme Étienne Rachou, qui fera la différence. » Dès l’année prochaine, Air France-KLM envisage de proposer sur tous ses vols son concept « Economy Comfort », la classe ­économique améliorée qui offre plus de confort et d’espace aux voyageurs. Objectif : attirer les clients qui ont déserté les classes affaires et première de la compagnie. Dès février 2010, Air France-KLM sera la première à faire voler le très gros-porteur A380 d’Airbus en Afrique, entre Paris et Johannesburg, dont elle souhaite faire une destination clé. Mais là aussi, Air France-KLM devra compter avec la concurrence de Lufthansa, qui complétera elle aussi sa flotte africaine par l’A380 à partir de l’été prochain. Les destinations desservies seront connues début 2010.

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