Les promesses des carburants verts

Réputé pour son engagement dans les problématiques de développement durable, le Burkina, pour réduire son déficit énergétique, se tourne en particulier vers le biodiesel.

Publié le 31 décembre 2009 Lecture : 2 minutes.

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Déjà 70 000 hectares plantés à travers le pays… le jatropha – et plus particulièrement son espèce Jatropha curcas – suscite un véritable engouement. L’arbre, originaire du Brésil, est très présent dans les pays sahéliens, où il est plus communément appelé « pourghère » ou « bagani », et dont les fruits, non comestibles, produisent une huile aux propriétés comparables à celles du diesel.

Serait-il la solution miracle pour produire du biocarburant made in Faso et pallier le déficit énergétique du pays ? Sûrement pas. En revanche, il peut constituer un complément et une alternative aux énergies fossiles.

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Parmi ses adeptes, des sociétés étrangères, dont Agritech, établie à Boni, à 350 km à l’ouest de Ouagadougou. Des Burkinabè également. Notamment Victor Tiendrébéogo (voir pp. 70-71), député du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) et chef traditionnel (Larlé Naba, ministre du Mogho Naba Kougri – l’empereur des Mossis), qui a lancé la culture du jatropha dans une bonne partie du pays, en partenariat avec l’allemand Deutsche Biodiesel, encourageant de plus en plus d’exploitants à sauter le pas.

Pour ses partisans, le jatropha présente bien des vertus. Haie protectrice contre les intempéries et les prédateurs, contribuant au reboisement et à la régénération des sols, l’huile extraite de ses graines peut servir à fabriquer du savon, des tourteaux et du biocarburant, qui peut alimenter des engins agricoles, des moulins, des pompes pour l’irrigation et des foyers de cuisson. Et c’est bien là ce qui intéresse le Larlé Naba, pour qui sécurité alimentaire rime avec sécurité énergétique.

Un enthousiasme prudent

En effet, pour augmenter la production agricole, il faut mécaniser l’agriculture. Mais impossible d’importer plus d’hydrocarbures. Quant à l’électrification des campagnes, elle n’est pas pour demain. Le jatropha pourrait donc bien être le carburant de l’avenir, tout au moins pour les ruraux.

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Un optimisme que tout le monde ne partage pas. Pour la Confédération paysanne du Faso, le risque de monoculture n’est pas à écarter si cette nouvelle culture de rente devient lucrative. « Impossible, répond le Larlé Naba, car la plante est toujours cultivée en association avec les cultures vivrières. » Autre inconvénient : son impact sur l’environnement, qui est encore mal connu.

Du côté du gouvernement, on reste ouvert mais prudent. Selon un responsable du ministère de l’Agriculture, le jatropha ne doit pas être vu comme un nouveau pétrole. Son usage doit se limiter aux seuls besoins du marché intérieur. Pas question, donc, d’exportation ni de culture à grande échelle. Par ailleurs, les autorités burkinabè ne donnent pas d’exclusivité au jatropha et compte explorer d’autres possibilités de biocarburants. À la recherche d’un équilibre entre filières agricoles et sources d’énergie.

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