Khalifa patientera en prison

Le ministère britannique de l’Intérieur réclame un nouveau délai avant de statuer sur la demande d’extradition de l’ex-milliardaire vers l’Algérie.

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Publié le 23 décembre 2009 Lecture : 2 minutes.

De report en renvoi, l’extradition d’Abdelmoumen Rafik Khalifa tourne au feuilleton politico-judiciaire. Alors que la décision était attendue au plus tard le 24 octobre, le Home Office vient de la reporter au 29 janvier prochain. « Un délai supplémentaire a été demandé et obtenu par le ministre britannique de l’Intérieur pour l’examen de la demande algérienne d’extrader Rafik Khalifa », a indiqué le ministre algérien de la Justice, Tayeb Belaïz.

Si Alger et Londres n’ont fourni aucune explication à ce énième ajournement, on aura compris que cette affaire est trop sensible pour être tranchée comme un simple dossier relevant du droit commun. Ben Brandon, avocat de Khalifa, résume ainsi la situation : « Contrairement à celle du juge, la décision du gouvernement est politique. »

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Jugé par contumace, en mars 2007, par le tribunal criminel de Blida, Rafik Khalifa a été condamné à la réclusion à perpétuité pour « association criminelle, corruption, abus de confiance, faux et escroquerie ». Depuis, il fait l’objet d’une demande d’extradition de la part du gouvernement de son pays. Réfugié à Londres depuis 2003, l’homme menait grand train avant d’être rattrapé par la justice britannique. Arrêté le 27 mars 2007 par Scotland Yard, l’ex-tycoon, patron du groupe du même nom, a été auditionné à maintes reprises par le tribunal de Westminster City. Au terme d’une procédure qui aura duré plus de deux ans, les magistrats rendent leur jugement le 25 juin 2009 : Rafik Khalifa est extradable. En attendant que le Home Office statue sur son cas, « Moumen » patiente dans sa cellule de la prison de Wandsworth, dans le sud-ouest de Londres.

Comment va le détenu Khalifa ? Assez bien, si l’on en croit l’un de ses amis. Incarcéré sous le numéro d’écrou TP7191, le golden boy déchu garde le moral. « Il reçoit des visites, confie cet ami, s’entretient avec des proches ou des membres de sa famille grâce au téléphone mis à la disposition des détenus ou aux portables qui circulent clandestinement entre les prisonniers. Il lit la presse, surfe sur le Net et reste convaincu qu’il sortira libre de prison. »

Au cabinet Wilson & Co. Solicitors, chargé de le défendre, on n’en pense pas moins. Anna Roth­well, l’autre avocate de Khalifa, juge son extradition difficile, sinon impossible, car « la demande ne respecte pas les normes juridiques en vigueur ». En outre, l’avocate doute que l’Algérie soit capable « de lui garantir un procès équitable ». En cas d’avis favorable du Home Office, la défense compte interjeter appel auprès de la Haute Cour. Une nouvelle bataille judicaire en perspective.

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