Africités : des villes à vivre
Les maires africains se sont retrouvés à Marrakech, du 16 au 20 décembre, à la 5e édition d’Africités. Leur objectif : réfléchir et proposer des solutions pour leurs villes. L’Afrique est le continent où la croissance urbaine est la plus forte (jusqu’à 7 % par an). Un casse-tête pour les élus des grandes agglomérations, qui doivent faire face à de nouveaux besoins avec des ressources souvent limitées. « Ce n’est pas toujours facile de faire rentrer les impôts, et notamment de les réclamer à des personnalités », a reconnu Fathallah Oualalou, le nouveau maire de Rabat, ex-grand argentier du pays. D’autres, comme Khalifa Ababacar Sall, à Dakar, sont confrontés à un pouvoir central hostile. L’élu a remporté la mairie en avril dernier au nez et à la barbe de Karim Wade, le fils du président.
Pour Mamadou Cissokho, figure de la société civile sénégalaise, les modèles de financement extérieur ont également montré leurs limites : « Les élus doivent mobiliser des ressources localement, et mieux collaborer avec les ONG et le secteur associatif. » La fiscalité doit être affectée en priorité aux activités productives et au social. Les édiles insistent également sur la maîtrise de la programmation budgétaire et sur le recours à des outils financiers innovants : microcrédit, instruments de financement solidaires et coopératifs…
Ces dernières décennies, la plupart des grandes politiques de logement social ont échoué et les métropoles voient s’entasser les populations démunies dans les bidonvilles. « Les plus pauvres n’ont pas les moyens de se loger. Ils veulent, surtout, qu’on leur donne des espaces à construire », explique Jean-Pierre Elong Mbassi, secrétaire général de Cités et gouvernements locaux unis d’Afrique (CGLUA), qui encourage les professionnels de l’habitat à encadrer l’« autoconstruction », en pratique dans les quartiers précaires. À charge, pour les autorités, de pourvoir aux aménagements et infrastructures de base (eau, électricité, assainissement). « L’Afrique a besoin d’architectes aux “pieds nus” », poursuit l’urbaniste camerounais, qui souhaite voir émerger de nouveaux bâtisseurs utilisant des techniques alternatives pour aider les populations urbaines à construire elles-mêmes leur maison. Rendus célèbres par leur action en Amérique du Sud, les architectes aux « pieds nus » travaillent avec les habitants des bidonvilles, qui assurent la main-d’œuvre sur leurs chantiers afin de réduire les coûts des logements. Les architectes proposent les meilleures techniques (matériaux, crédit, occupation de l’espace…) pour construire des abris plus durables, confortables et salubres.
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