Prince, mais pas charmant
Déjà malmenée par la crise financière qui a ruiné, pour longtemps, l’image de Dubaï, la fédération des Émirats arabes unis traverse une nouvelle zone de turbulences, avec le procès de Cheikh Issa Ibn Zayed Al Nahyane. Le frère de Khalifa, le président de la fédération, est jugé pour avoir torturé un ressortissant afghan à qui il reprochait d’avoir égaré une cargaison de marchandises d’une valeur de 5 000 dollars. Le 22 avril dernier, la chaîne américaine ABC avait diffusé une vidéo de cette scène, accablante pour le prince. Comme dans un mauvais remake d’Abou Ghraib, la victime avait été frappée avec un bout de bois clouté. Une voiture avait roulé plusieurs fois sur ses jambes, et, comble de cruauté, Cheikh Issa avait salé ses plaies, se pâmant d’aise à ses cris de douleur.
La stratégie de défense du prince tortionnaire ne manque pas, elle non plus, de sel. Il plaide l’irresponsabilité, n’ayant, dit-il, aucun souvenir des faits : l’un de ses six coaccusés l’aurait drogué avant de le filmer, lui réclamant ensuite 68 millions de dollars en échange de la destruction de la bande vidéo. Hélas pour Cheikh Issa, sa version est mise à mal par de nouveaux témoignages. L’un de ses anciens associés, Bassam Nabulsi, un homme d’affaires américain, assure qu’il dispose de vidéos l’impliquant dans vingt-cinq autres cas de torture.
Depuis que le scandale a éclaté, les autorités d’Abou Dhabi, embarrassées, ont assigné Cheikh Issa à résidence. Si la victime a trouvé un terrain d’entente avec son bourreau, sous forme d’espèces sonnantes et trébuchantes, le procès du prince et de ses complices se poursuit. Outre les 10 milliards de dollars qu’il a avancés à Dubaï, Abou Dhabi – le plus riche des sept émirats de la fédération – pourrait devoir faire face à d’autres dépenses imprévues. Comme, par exemple, le dédommagement des autres victimes de Cheikh Issa.
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