En guise de vœux


FRANCOIS-SOUDAN_2024

Publié le 21 décembre 2009 Lecture : 2 minutes.

Le Jeune Afrique que vous avez entre les mains n’est pas le dernier de l’année qui s’achève. Notre traditionnel numéro double, qui clôt l’exercice et paraîtra la semaine prochaine, s’annonce d’ores et déjà riche, foisonnant et passionnant. Mais il se trouve que cet édito est, en ce qui me concerne, le dernier de 2009. Vous ne m’en voudrez donc pas de souhaiter par anticipation à chacune et à chacun d’entre vous le meilleur pour 2010 – et de formuler trois vœux un peu particuliers, ou plutôt trois pensées furtives au vent de l’année écoulée.

Mon premier vœu s’adresse aux Ivoiriens. Je reviens juste d’Abidjan, de cette terre d’Éburnie écrasée de soleil et recrue de fatigue dans l’attente interminable, paralysante, tétanisante de l’élection présidentielle. Abidjan n’est plus que l’ombre de la perle lagunaire qu’elle fut jadis, mais il faudrait si peu pour qu’elle le redevienne. Georges, groom d’hôtel au visage rond comme un melon, m’a confié son rêve pour 2010 : un président bien élu et les Éléphants en finale de la Coupe du monde. Que le Dieu d’Houphouët et de Soundiata l’exauce !

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Ma deuxième pensée est pour une vieille dame de 95 ans que je ne connais pas : Geneviève Morel. Son petit-fils, fonctionnaire international au bureau du Pnud à Dakar et grand lecteur de J.A., a écrit à notre rédaction pour, dit-il, solliciter « une immense faveur » : « D’ici quelque temps, ma grand-mère aura quitté notre monde, merci de m’aider à lui rendre un dernier hommage. » Pendant quarante ans, à raison de trois dîners par semaine, cette petite dame a reçu chez elle des générations d’étudiants africains de passage à Paris, comme ça, par pure bonté et afin de leur démontrer que les Français n’étaient pas tous des obsédés de l’identité nationale. « C’est bien vous qui accueillez des nègres ? » lui avait demandé un jour une voisine soupçonneuse. C’était bien elle. Et dans son appartement parisien ont défilé beaucoup d’acteurs de la décolonisation : Tombalbaye, Quenum, Youlou, Maga, Houphouët, les futurs cardinaux Yago et Gantin. Geneviève avait un côté Mère Teresa. Que la fin de ses jours lui soit légère.

Mon troisième et dernier regard est pour une image. Celle, ci-contre, de Silvio Berlusconi, le 17 décembre, au sortir d’un hôpital de Milan, après l’agression dont il a fait l’objet. La haine, en cette fin 2009, n’aura donc pas été que guinéenne, dans le revolver de Toumba pointé sur Dadis. Elle fut aussi italienne. Même si les victimes, en l’espèce, ne sont pas innocentes, partout, toujours, la haine est une barbarie.

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