Les mille vies de Kadi Jolie
A partir du 19 décembre, la chaîne nationale burkinabè diffuse Trois Femmes, un village. Nouvelle sitcom produite et réalisée par l’actrice vedette du petit écran.
Ses amis la surnomment Mimi, ses fans Kadi Jolie. Du nom de la jeune femme « émancipée et rebelle » qui chasse et piège les garçons, qu’elle interprétait il y a dix ans dans la série télévisée d’Idrissa Ouédraogo. Pourtant, depuis Kadi Jolie, Aminata Diallo-Glez a enfilé bien d’autres costumes.
Actrice dans la plupart des sitcoms qu’elle produit, elle est aussi réalisatrice. Hyperactive, elle lance le 19 décembre sa nouvelle production, Trois Femmes, un village, la suite de Trois Hommes, un village, qui narrait l’histoire d’un chef coutumier, d’un curé et d’un musulman polygame, Ladji. Cette fois, c’est le point de vue des femmes qui est mis en avant. Avec l’institutrice, qui défend l’émancipation de ses sœurs, et les deux épouses de Ladji, dont l’une est catholique (Mimi), toujours un peu rebelle, et l’autre musulmane, plutôt soumise.
Succès populaire
Ce n’est pas la première fois que « Kadi Aminata Mimi Diallo-Glez » se met derrière la caméra. Elle avait été coréalisatrice, avec Idrissa Ouédraogo et Issa Traoré, ses grands complices, de Super Flics, la série diffusée par Africable puis par TV5 sous le nom de Marc et Malika. Marc court les jupons et non après les bandits. Mimi, son épouse jalouse, devient hystérique. Malika, sa coéquipière, jeune femme sérieuse et rangée, aime son métier et ne s’en laisse pas conter.
Les aventures du duo ont été un succès populaire. Notamment parce que, pour la première fois, Jovial’ Productions, la société de Mimi, avait recruté des stars de la télé de toute l’Afrique de l’Ouest, les Ivoiriens Maï La Bombe et Adama Dahico et la Sénégalaise Mouna Ndiaye. En revanche, la série n’a pas été un succès financier. TV5 avait déboursé un peu moins de 40 000 euros (environ 26 millions de F CFA) pour 33 épisodes. Une petite somme comparé au prix de production : 5 millions de F CFA par épisode.
Trois femmes, un village a reçu un financement local d’un montant de 20 millions de F CFA déboursés par la télévision nationale du Burkina. Une première. « D’habitude, les chaînes diffusent les sitcoms gratuitement, elles les récupèrent sur les réseaux internationaux. Cette coproduction est un bon signe », explique Aminata. Il n’empêche. Malgré une production florissante et un succès incontestable chez les téléspectateurs, aucune des sitcoms burkinabè n’existerait sans les financements extérieurs. « Nous n’avons pas de marché du DVD. Ce secteur n’est pas développé, en partie à cause des pirates », estime Aminata. Le seul DVD de Kadi Jolie que l’on peut trouver est en anglais… piraté et doublé au Nigeria !
Les subventions internationales continuent donc de faire survivre les créations locales. Et Aminata ne manque pas de projets. Le prochain ? « Pourquoi pas, annonce-t-elle, une nouvelle saison de Super Flics. »
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