Edition : NEI écrit une nouvelle page

Roi du livre scolaire et du roman à l’eau de rose, le leader ivoirien de l’édition en Afrique de l’Ouest fusionnera avec son compatriote et partenaire Ceda en 2010. Et projette de se déployer chez ses voisins.

ProfilAuteur_ChristopheLeBec

Publié le 24 décembre 2009 Lecture : 3 minutes.

Cœurs piégés, Folie d’une nuit ou Premiers frissons, les titres de la collection « Adoras » des Nouvelles Éditions ivoiriennes (NEI) se vendent comme des petits pains dans les librairies abidjanaises et font de l’ombre aux célèbres éditions françaises Harlequin. Deux romans à l’eau de rose des NEI ont même été adaptés à la télévision.

Avec un chiffre d’affaires annuel de 3,06 milliards de F CFA en 2008 (4,7 millions d’euros), la société, pilotée par le Français Guy Lambin, venu du groupe Hachette il y a seize ans, est le numéro un de l’édition en Afrique de l’Ouest. La maison fonde sa croissance sur deux piliers, la littérature (20 % des ventes) et, surtout, les manuels scolaires et parascolaires (les 80 % restants).

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Chasse gardée

Un savoir-faire déployé sur le marché des livres scolaires vers 1980 avec l’édition de millions d’ouvrages dans la collection « École et développement » en collaboration avec le ministère de l’Éducation. Depuis, les NEI se sont rapprochées de Ceda, une autre maison d’édition historique (2,7 millions d’euros de chiffre d’affaires). Les deux partenaires partagent les mêmes locaux et services centraux et se coordonnent dans la création des manuels scolaires.

Si pour l’instant NEI et Ceda n’ont aucun lien capitalistique, ils comptent tous deux l’État et Hachette comme actionnaires depuis les années 1990. Amorcée par petites touches, la fusion des deux maisons est programmée pour 2010. Car, malgré leurs efforts, leur chasse gardée, les manuels scolaires, s’est ouverte à la concurrence. « Avec la gratuité des manuels, explique Guy Lambin, ce ne sont plus les parents qui achètent les ouvrages. Nous répondons désormais à des appels d’offres de la Banque mondiale. Il nous faut tirer les coûts vers le bas et produire à grande échelle avec des contenus basiques. »

Côté littérature, le succès de la collection « Adoras » a été bien préparé. « On n’a pas inventé le roman à l’eau de rose, mais nous l’avons adapté à la demande africaine. Il s’agit d’histoires d’amour qui se terminent bien, dans un contexte social familier des lecteurs. Nous avons demandé à un graphiste brésilien de nous faire des couvertures métissées. Avec 3 nouveautés par trimestre et un tirage de 8 000 exemplaires par titre, sans réédition, nous avons trouvé la bonne formule », explique Guy Lambin. « Les Ivoiriens veulent lire des ouvrages courts, autour de 75 pages, et populaires. Les NEI ont trouvé un bon filon », juge Kassimi Bamba, responsable des Éditions du Cerap, à Abidjan. Les éditions Vallesse, de Fidèle Diomandé, vont tenter d’emboîter le pas.

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Avec « Adoras », les NEI tentent d’amener leurs lecteurs vers la collection « Calliope », plus littéraire. Alors que les romans policiers de sa collection « Enigma » n’ont, eux, pas connu le succès. Le concept sera revu. Toutefois, Guy Lambin juge le marché ivoirien plus favorable que dans les autres pays francophones, où la faiblesse de la distribution, les coûts de fabrication élevés et l’exiguïté des marchés sont des freins. « Ici, l’État favorise le livre scolaire, il y a un réseau de librairies étoffé et une forte tradition de lecture. De plus, nous avons des imprimeries performantes qui nous évitent l’importation », note-t-il. Avec plus de 5 millions de livres imprimés par an, le secteur se porte bien, avec des imprimeries comme Rotoci, Sii, Unipaci, Safica et Imprisud.

Ce qui n’empêche pas les NEI de se tourner vers d’autres marchés, même si les coûts de transport et les taxes douanières sont prohibitifs. « Malgré les réseaux d’échanges entre maisons d’édition comme l’Apnet [African Publishers Network], la coédition interafricaine marche mal », conclut-il.

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